Et bien, encore un Von Arnim, on ne se quitte plus depuis la Bienfaitrice, que voulez-vous ! Un petit roman drôle et sympathique, où l'optimisme déborde de toute part. Il y est (encore) questions de maris, oublieux, indélicats, insaisissables, de mauvaise foi..., de femmes (épouses, veuve, future épouse...) qui cherchent un peu de soleil dans leur grisaille quotidienne. La grisaille c'est Londres, un foyer si peu chaleureux, une pluie qui n'en finit pas et le soleil, c'est San Salvatore en Italie, un château médiéval croulant sous les fleurs, la mer d'un bleu profond à deux pas... la dolce vita quoi.
Et il aura fallu une simple petite annonce pour que quatre destins de femmes se jouent entre ces vénérables murs. Ce mois de vacances dans un lieu enchanteur va profondément transformer les vies de Lotty Wilkins, Rose Arbuthnot, Lady Caroline Dester et Mrs Fischer. L'histoire est délicieusement désuète (le récit se passe dans les années 1920) mais on peut compter sur ces différents colocataires pour apporter de l'humour et mille péripéties... domestiques. Sans compter que l'arrivée de quelques hommes (les fameux maris) vont apporter un peu de piment à l'aventure ; mention spéciale au couple Wilkins ; on prend plaisir à suivre la formidable transformation de la jolie Lotty et le mari que l'on déteste au départ devient presque fréquentable à la fin.
Même s'il ne se passe rien d'extraordinaire au cours de ce récit, les changements de personnalité des protagonistes sont plus qu'intéressants. Au-delà de scènes charmantes et drôles, Elizabeth Von Arnim ne se prive pas de distiller quelques gouttes amères dans ce délicieux breuvage sucré, car toutes les femmes du roman, même si elles trouvent leur récompense en Italie, n'ont pas une vie des plus gaies.
Il reste donc à retenir une leçon de cette lecture : pour vivre heureux, vivons dans un cadre enchanteur et cultivons un brin d'égoïsme !
Traduit de l'anglais par François Dupuigrenet-Desrousilles
« Toute la splendeur d’un avril italien semblait rassemblée à ses pieds … Elle n’en croyait pas ses yeux. Tant de beauté pour elle seule ! Le visage baigné de lumière, elle sentait mille parfums monter vers elle tandis qu’une légère brise lui ébouriffait les cheveux.
Que de beauté, que de beauté ! Quel bonheur d’avoir assez vécu pour voir, sentir, respirer ce paysage de songe… Oui, elle était heureuse, mais que ce mot paraissait soudain pauvre, ordinaire, insuffisant ! Comment décrire la salve de sensations qui l’envahissaient ? Il lui semblait être devenue trop petite pour contenir une pareille joie. Quelle surprise de se trouver en pleine béatitude alors qu’elle ne faisait rien que de parfaitement égoïste !