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2014-05-11T09:59:19+02:00

Rêveries du promeneur solitaire (J.J. Rousseau)

Publié par Folfaerie
Rêveries du promeneur solitaire (J.J. Rousseau)

Voilà un livre que j'ai choisi de relire dans le cadre de ma 3ème année de licence. Pour une fois qu'on nous donne le choix d'une lecture, je n'allais pas m'en priver !

Lu une première fois au collège, le livre m'avait marquée par son ton (je pensais que Rousseau était définitivement misanthrope ce qui convenait fort bien à mon état d'esprit à l'époque) et par la place que l'auteur accordait à la nature. Deux décennies plus tard, je retrouve avec plaisir les états d'âme de Rousseau.

Cette oeuvre inachevée est celle de la maturité, de l'acceptation du monde. Au fil de ses promenades, Rousseau se réconcilie avec l'idée qu'il se fait de lui-même. Mener une vie paisible et quelque peu isolée (son isolement fut subi au départ, et finalement recherché vers la fin de sa vie) herboriser, c'est un peu le secret du bonheur. Il ne cherche plus à se justifier (Rousseau écrit pour lui, non pour le lecteur) mais part du constat que puisque la société des hommes ne lui a apporté que des désagréments, il vaut encore mieux s'en passer.

Une certaine ambiguité plane sur ces réflexions : Rousseau s'éloigne de la société des hommes à force d'amères désillusions et de souffrances. Il trouve enfin la paix dans l'isolement et cependant il ne hait point ses semblables. Il écrit pour lui, pour parfaire sa connaissance de soi et cependant, un lecteur lui est nécessaire.

Le personnage lui-même était bourré de contradictions (mais qui ne l'est pas ?). Il abandonne ses enfants à l'assistance publique mais écrit un traité sur l'éducation, épouse une lingère dont la personnalité est à mille lieux de la sienne mais tombe régulièrement amoureux de belles dames, ce qui lui occasionne bien des brouilles avec ses amis, se fait de nombreux ennemis "littéraires" et se croit victime d'un complot (mais comment démêler le vrai du faux ?), mais sa nature soupçonneuse finit même par décourager ses véritables amis... bref, un homme qui était vraisemblablement destiné à vivre seul...

Enfin, il insiste pour ne pas confondre rêveries et méditations mais la frontière demeure parfois floue entre ces deux notions. Et ces rêveries sont nécessaires à l'homme.

Résigné peut-être, indifférent assurément, Jean-Jacques Rousseau nous offre ses plus belles pages sur la recherche du bonheur et l'introspection. S'il règne un parfum de mélancolie sur cette oeuvre, il ne s'en dégage pas moins une impression de paix et de sérénité, une harmonie découlant du contact répété avec la nature, qui constitue le réel point d'ancrage de la vie de Rousseau. Un très beau livre pour lequel j'ai toujours autant d'affection.

"La source du vrai bonheur est en nous".

Toutes mes courses de botanique, les diverses impressions du local, des objets qui m’ont frappé, les idées qu’il m’a fait naître, les incidents qui s’y sont mêlés, tout cela m’a laissé des impressions qui se renouvellent par l'aspect des plantes herborisées dans ces mêmes lieux. Je ne reverrai plus ces beaux paysages, ces forêts, ces lacs, ces bosquets, ces rochers, ces montagnes, dont l'aspect a toujours touché mon cœur : mais maintenant que je ne peux plus courir ces heureuses contrées je n’ai qu’à ouvrir mon herbier et bientôt il m’y transporte. Les fragments des plantes que j’y ai cueillies suffisent pour me rappeler tout ce magnifique spectacle. Cet herbier est pour moi un journal d'herborisations qui me les fait recommencer avec un nouveau charme et produit l’effet d’un optique qui les peindrait derechef à mes yeux. C’est la chaîne des idées accessoires qui m’attache à la botanique. Elle rassemble et rappelle à mon imagination toutes les idées qui la flattent davantage. Les prés, les eaux, les bois, la solitude, la paix surtout et le repos qu’on trouve au milieu de tout cela sont retracés par elle incessamment à ma mémoire. Elle me fait oublier les persécutions des hommes, leur haine, leur mépris, leurs outrages, et tous les maux dont ils ont payé mon tendre et sincère attachement pour eux. Elle me transporte dans des habitations paisibles au milieu de gens simples et bons tels que ceux avec qui j’ai vécu jadis. Elle me rappelle et mon jeune âge et mes innocents plaisirs, elle m’en fait jouir derechef, et me rend heureux bien souvent encore au milieu du plus triste sort qu’ait subi jamais un mortel.

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