Merci pour quoi ? D'abord, pour avoir préfacé le seul ouvrage en français sur Cicely Mary Barker (et peut-être a-t-il soufflé
l'idée aux éditions Hoêbeke ?). L'une des spécialistes anglaises des fées, presque inconnue en France dont je recommande chaudement la lecture. Elle est vraiment belle cette préface.
Merci aussi pour tout le reste... pour continuer à faire vivre le monde des fées à travers les livres, et les entretiens accordés aux médias. Je
l'ai entendu il y a quelques semaines sur je ne sais plus sur quelle radio. Il était l'invité de Frédéric Mitterand. Emission passionnante de bout en bout grâce à lui. Auteur des fameuses
encyclopédies, des Contes du Petit peuple (celui-là je l'adore) et de bien d'autres ouvrages, Pierre Dubois est l'une des rares personnes avec qui discuter des fées semble aller de
soi.
Excepté pour ceux qui fréquentent assidûment le monde de Féérie, qui sauront certainement de quoi je parle, vous ne sauriez imaginer à quel
point il est difficile de discuter du conte de fées dans son entourage... C'est un genre littéraire méprisé ou ignoré des adultes (je l'ai constaté à de très nombreuses reprises), même si
parfois, certaines lectures comme Le Seigneur des Anneaux, permettent d'amorcer une discussion (dans ce cas précis, l'oeuvre est jugée suffisamment importante même par ceux qui ne connaissent
rien à la Fantasy).
Le pire, c'est lorsque vous abordez le sujet même des fées... il y a ceux qui pensent que vous êtes une attardée mentale, ceux qui vous disent
touchée par le syndrôme de Peter Pan, ou bien qui vous qualifient d'excentrique perdant son temps à des choses sans intérêts et puériles...
Je plains sincèrement tous ces pauvres diables englués dans leurs petites vies banales, étriquées et sans imagination ni poésie...
Un extrait d'une interview de Pierre Dubois (du magazine LIRE) que j'avais particulièrement aimée :
L'auteur de La grande encyclopédie des lutins croit aux fantômes et au génie des lieux. «Je suis né dans la forêt ardennaise, mon nom est
Dubois, Robin des Bois est mon héros d'enfance et j'ai la maladie de Forestier, un mal de dos qui peut me laisser pétrifié si je me baisse trop!» raconte-t-il en allumant un feu de bois, avant de
décapsuler une bière belge. Nourri de culture anglo-saxonne, le barde sexagénaire a découvert le monde de l'étrange avec Bram Stoker, Mary Webb, les sœurs Brontë. Il a cultivé son jardin celtique
en lisant Walter Scott, Lewis Carroll et Stevenson: «Ma fascination m'a amené en Angleterre pour un voyage littéraire: la tombe d'Alice Liddell, les paysages de Moonfleet et des Baskerville. Les
Anglais n'ont pas honte de leurs fantômes, ils les racontent. Nous, on tue les nôtres, on les enterre sous le béton. J'ai recréé une maison où je peux rencontrer les miens.» Il désigne un olifant
enguirlandé d'un greffon, pendu au plafond: «J'ai cueilli cette branche sur la tombe de Rob Roy, en Ecosse.» Le monde de l'enfance ne le quitte pas: «Je me réfugiais dans la buanderie, le feu
ronflait, l'eau ruisselait sur les vitres, la lumière s'embrasait au plafond, animée par le souffle du dragon. Et il y avait ces livres magiques. C'était mon univers, que j'ai retrouvé dans le
jardin peuplé de lutins, puis dans les films.» Des affiches peintes décorent les murs de sa maison, jusqu'aux toilettes: Scaramouche, Camelot, David Balfour, La flibustière des Caraïbes... «Le
jeudi, ma mère, sorte de Jennifer Jones à tête de squaw, m'emmenait en cachette voir Ivanhoé, La flèche noire et Le corsaire rouge.» Il se rêve en chevalier errant, en cavalier solitaire. «J'ai
toujours détesté l'école, le foot et ces singes qui nous dominent. Seuls le livre, l'image et la musique me calmaient. Entre une mère possessive et un père absent, Pierre Dubois a développé une
culture interdite. Adolescent, il voulait être tueur à gages. Dans son salon encombré de bibelots, de figurines elfiques et d'armes anciennes, une bibliothèque est consacrée à Jack l'Eventreur,
une autre à Conan Doyle. Il a cherché une figure paternelle dans les capitaines Achab et Crochet, Long John Silver, «un père infirme, un peu tordu». L'univers chaotique du monde merveilleux de
l'enfance se retrouve dans le grenier, où se côtoient Peter Pan, Chéri-Bibi, Mac Orlan, Le journal du voleur et L'encyclopédie des superstitions... Les livres s'entassent, entre pommes mises à
sécher, faisan empaillé, tableau satanique, sorcier de carton-pâte, Vierge à l'enfant, casque viking, mâchoire de rongeur, tricorne de la marine britannique et une «clef de mort», épée à panier
dont la garde porte le «S» des Stuart.
jauzenque 26/02/2009 00:56