Les éditions Phébus avaient offert une nouvelle traduction aux lecteurs "adultes" du Vent dans les saules et avaient choisi d'illustrer
la couverture (que je trouve très belle) avec l'un des dessins de l'incontournable Arthur Rackham.
J'ai découvert bien tardivement ce célèbre roman anglais et j'ai été aussi bien intéressée par la personnalité de l'écrivain, dévoilée dans une
belle préface, que par l'histoire elle-même. A plusieurs reprises, j'ai songé à la Comté et aux Hobbits. Célébration des joies et plaisirs d'une vie simple, amitié indéfectible qui unit les
quatre compagnons, nostalgie de l'auteur, sans aucun doute, qui aspirait à cette existence paisible mais non dénuée d'aventures.
Nos quatre héros, Rat, Taupe, Blaireau et Crapaud aiment par-dessus tout les promenades dans la campagne, les bons dîners entre amis, canoter sur la
rivière, lire de la poésie le soir au coin de feu, dans un intérieur douillet. Enfin excepté Crapaud qui a la folie des grandeurs et dont l'orgueil et l'égoïsme lui occasionnent bien des ennuis.
Mais on peut aimer une existence paisible, un chez-soi confortable et un paysage familier et aspirer de temps à autre à un autre monde, plein d'aventures, ou rêver à des pays
lointains.
Le secret désir de Grahame (qui regrettait son époque trop mercantile et agitée) transparait donc dans ce joli livre (publié en 1908) qui célèbre
l'amitié, la simplicité et évoque tout le charme de la vie dans la campagne anglaise, avant l'ère industrielle. Une vie idéale en somme...
Extrait de la préface d'Alberto Manguel :
Soit les aventures – disons plutôt mésaventures – de quatre Mousquetaires pantouflards lancés bien imprudemment sur les routes du vaste monde, et qui
trouvent le moyen, entre trouille verte et candide inconscience, de rendre des points à feu Don Quichotte soi-même. Le tout, pourtant, sans quitter de bien loin les bords humides et rassurants de
leur chère rivière. Car nos quatre bretteurs malgré eux ont nom M. Mole (la Taupe), M. Water Rat (le Campagnol des berges), M. Badger (le Blaireau) et M. Toad (le Crapaud). Nostalgie, nostalgie…
Oui, c’est bien de cela qu’il est question au bout du chemin, même si l’on a beaucoup ri. C’est que Kenneth Grahame, grand enfant égaré dans le monde adulte, dégoûté par l’utilitarisme et par
l’activisme ambiants (il n’était pas précisément ce qu’on appelle un homme de progrès), écologiste avant la lettre, ne se contente pas de nous rappeler que nos jeunes années sont ce vert paradis
chanté par le poète. Il nous enjoint de ne jamais le perdre du regard, ce paradis, faute de quoi la porte risque de s’en refermer malignement dans notre dos sans que nous y prenions garde, nous
privant de ce qu’un autre poète a appelé « la vraie vie », et ne nous laissant que nos larmes pour pleurer.
Ce classique a connu de nombreuses adaptations : au théâtre, au cinéma, en série télévisée... J'ai visionné quelques extraits sur Youtube, une série d'animation certes charmante, mais qui ne me
semble pas rendre justice à cette belle histoire.
Une petite anecdote pour terminer, le bruit court que Guillermo del Toro (celui-là même qui travaille en ce moment sur l'adaptation du Hobbit...) devait réaliser une version du Vent dans les
Saules. Il a abandonné le projet lorsque les producteurs exécutifs lui ont demandé de rajouter des "trucs modernes pour djeuns branchés" dans le scénario...
2009-08-26T08:35:00+02:00
Le vent dans les saules (Kenneth Grahame)
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