Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2012-03-15T14:15:00+01:00

Becoming Jane

Publié par Folfaerie

Et voilà, j'ai enfin pu voir (en dvd of course) le film sur Jane Austen dont j'avais beaucoup entendu parler grâce à l'auberge de Lambton. Il est tiré d'une biographie de John Spence que je n'ai point lu, je l'avoue, et qui suscite ou a suscité de nombreux débats entre spécialistes. Mais j'y reviendrai.

 

Le film d'abord : 

 

J’ai été globalement enchantée par ce film si romantique. Malgré mes craintes, Anne Hattaway se révèle délicieuse dans le rôle, (mais pourquoi avoir engagé encore une Américaine plutôt qu’une anglaise, mystère…), même si son jeu d’actrice n’est pas extraordinairement développé. Quant à James McAvoy, il est parfait, voilà, je suis tombée sous le charme moi aussi. Ils forment un couple absolument charmant, apportant leur jeunesse et leur vitalité à cette histoire.

Le reste du casting est impeccable, c’est un plaisir de retrouver de grands comédiens confirmés comme James Cromwell, Julie Walters, Maggie Smith toujours excellente, et d’en découvrir de nouveaux. Cassandra est interprétée par une jeune actrice que j’ai repérée dans Nord et Sud, et qui me touche beaucoup, Wisley, dont le rôle est passablement ingrat, est incarné par Laurence Fox, un nom que je retiens.

 

 

 

 

 

Le scénario n’est certes pas très original. Il s’inspire donc de la bio de Spencer et tout le film est émaillé de clins d'oeil aux diverses œuvres de Jane Austen, à commencer par le célébrissime Orgueil et Préjugés. Tom Lefroy est un mélange de Darcy et Willoughby, on retrouve même un cousin de M. Collins, Madame Austen a la même obsession, bien compréhensible, que Madame Bennett, l’excentricité en moins, Lady Gresham préfigure Lady Catherine de Burgh, etc., etc.

 

Ce qui m’a plu, c’est de montrer que cette affreuse nécessité (se marier pour s’assurer un certain confort matériel) concernait aussi les hommes. Tom Lefroy dépend uniquement de son riche oncle pour vivre selon ses envies mais aussi subvenir aux besoins de sa famille, ses parents et de nombreux frères et soeurs. Malgré l'histoire d'amour, il me semble que le noeud du film repose sur la condition du mariage, la nécessité de subvenir à ses besoins, le difficile accès à l'indépendance que l'on soit un homme ou une femme. Le personnage de Lefroy est particulièrement bien vu : c'est un jeune homme qui profite de sa vie avant d'être définitivement coincé dans sa carrière juridique, malicieux et sûr de lui mais qui doit aider financièrement sa famille. Dépendant justement de l'argent de son oncle, il est condamné à épouser une femme pourvue d'une bonne dot (comme Wickham et Willoughby en sont les parfaites illustrations mais pour des motifs différents car eux n'ont pas de famille à charge) ou à se résigner à une vie difficile avec sa dulcinée. Cruel dilemne...   

 

"C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier, et, si peu que l'on sache de son sentiment à cet égard, lorsqu'il arrive dans une nouvelle résidence, cette idée est si bien fixée dans l'esprit de ses voisins qu'ils le considèrent sur-le-champ comme la propriété légitime de l'une ou l'autre de leurs filles."

 

"It is a truth universally acknowledged, that a single man in possession of a good fortune must be in want of a wife."

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai cependant quelques réserves concernant le traitement réservé à Jane Austen. Si je me réfère à cette source :

http://www.jasna.org/film/becoming-jane.html

 

je peux bien croire que Miss Austen a bien rencontré un M. Lefroy avec qui elle a dansé à plusieurs reprises, et qui semblait suffisamment charmant pour lui plaire. Mais c'est tout apparemment. Un flirt sans conséquence probablement. Nul ne sait vraiment ce qui se passa entre eux, et ce ne sont pas les quelques extraits des lettres que Cassandra n'a pas détruites qui peuvent vraiment nous éclairer.  Et puis quand le chemin de Jane croise celui de Tom, elle a déjà écrit ce qui va devenir Raison et Sentiments. Nul besoin de tomber amoureuse d'un jeune homme pour dépeindre la vie en société et développer des intrigues amoureuses. Je préfère penser que Jane Austen était une fine observatrice de la nature humaine et qu'elle n'a eu besoin de personne pour se forger une opinion sur la bonne société de son époque !  

 

Par ailleurs, dans le documentaire figurant sur le dvd d'Orgueil et Préjugés (version BBC), il est dit que Jane aurait pu rencontrer dans le Devon en 1797, le jeune frère du célèbre poète, John Wordsworth dont le navire, The Duke of Montrose était à quai. Le jeune homme périt dans un naufrage quelques années plus tard.

 

Dans une préface de mon édition, écrite par Virginia Woolf, il est aisé de comprendre que nous ne saurons strictement jamais rien de la vie sentimentale de Jane. Et peut-être est-ce mieux ainsi. Je ne suis pas hostile à cette romance entre Jane et Lefroy mais les partis pris du réalisateur ne m'ont pas convaincue. Notamment la fuite des deux amants. Je ne peux imaginer que Jane aurait fait une chose pareille, mettant ainsi dans l'embarras sa famille et celle de Tom. 

 

 

Mon autre grand regret concerne les relations entre Cassandra et Jane. Elles ne sont qu'effleurées dans le film et c'est bien dommage. Anna Maxwell Martin est très émouvante, elle aurait mérité davantage de scènes. En revanche, les relations de Jane avec son frère Henry (qui plus tard devint un peu son agent littéraire) sont mieux rendues.

 

Malgré cela, j'ai aimé ce film. Il ressemble beaucoup à un bel album de photos sur un écrivain, capturant, ça et là, quelques traits de caractères, quelques moments de sa vie. C'est une manie chez les Américains, j'avais beaucoup aimé deux autres films bâtis sur le même modèle : Neverland dans lequel Johnny Depp incarnait James Matthew Barrie et Miss Potter où Renée Zellwegger (que des Américaines, décidément...) campait Beatrix Potter.

Dans ces trois films, les belles images dominent, la musique vous laisse nostalgique, de même que leurs histoires d'amours tragiques, plus ou moins étoffées/arrangées/inventées.

 

Inutile de chercher de véritables biographies dans ces films qui demeurent néanmoins très plaisants à voir...

 

Et puis, qui sait, cela donnera peu-être envie à de nouvelles générations de lectrices/lecteurs de découvrir les romans de Jane Austen.  

 

 

Un autre avis chez Missycornish

Voir les commentaires

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires
A
Ahhh je suis d'accord, pour être une bonne écrivain, rien de tel qu'une bonne rupture amoureuse et une grosse vie déprimante :p<br /> triste mais passionnante :)
Répondre
A
J'avais énormément aimé ce film et la fin m'avait d'ailleurs rendue très fière de Jane Austen (même si je sais que c'est inventé). J'aime l'idée qu'elle soit restée seule à écrire ses livres, sans<br /> devenir comme les autres femmes de son époque, reléguée à de simples femmes au foyer. James McAvoy m'a totalement fait succombé (et j'ai eu plusieurs à le revoir ensuite dans Pénélope). Il est<br /> juste craquant, un vrai charme à l'anglaise comme j'aime !<br /> Pour le fait d'avoir pris une américaine pour jouer le rôle de Jane Austen, j'avoue que cela m'a un peu agacé...<br /> Bref, c'est un livre que j'ai plaisir à voir et à revoir, justement pour mon côté fleur bleue :)
Répondre
F
<br /> <br /> Mais il faut cultiver son côté "fleur bleue", c'est primordial en notre triste époque, non ? <br /> <br /> <br /> Ceci dit, je suis comme toi, j'ai succombé au charme de James McAvoy que je compte voir d'ici peu en dvd dans La conspiration (en plus c'est réalisé par mon chouchou, Robert Redford, que demander<br /> de plus ? :-))<br /> <br /> <br /> Plus sérieusement, pour en revenir à Jane Austen, j'avais pensé qu'elle avait renoncé à se marier à cause de sa première déception amoureuse. Mais peut-être est-ce aussi pour pouvoir écrire.<br /> Aurait-elle pu écrire ses romans si elle avait épousé un Lefroy ?<br /> <br /> <br /> <br />

Girl Gift Template by Ipietoon - Hébergé par Overblog