Avant toute chose, un grand merci aux éditions Gallmeister et à In cold Blog pour l'organisation de ce petit concours qui m'a permis de remporter une édition poche de ce roman qui me faisait envie depuis quelques temps.
N'oublions pas que je suis une fan du Nature Writing.
Pete Fromm est l'une des nouvelles plumes de L'Ouest américain. Indian Creek est le premier livre traduit en français, mais il est l'auteur d'autres romans et nouvelles.
Il a une vingtaine d'années quand, sur une brusque impulsion, il accepte une offre d'emploi originale : surveiller des oeufs de saumons implantés dans un bras de rivière, durant sept mois, quelque part dans les Montagnes Rocheuses, dans le parc naturel de la Selway-Bitterroot. Ce qui implique de vivre dans la nature, seul, et à la dure.
Ne connaissant rien à rien, Pete accepte avec enthousiasme, heureux à l'idée de passer quelques mois dans le wilderness qui fait tant rêver les jeunes américains. Et les lecteurs aussi.
Moi en tout cas, j'étais partante pour cette immersion dans une littérature que j'affectionne particulièrement, depuis la découverte de Thoreau. Mon enthousiasme s'est cependant émoussé au fil des pages, je dois bien le reconnaître.
Passons sur le fait qu'en quelques semaines (jours ?), le jeune homme apprend tout un tas de trucs inconnus jusqu'alors comme couper du bois, faire la cuisine, tanner des peaux de bêtes, conserver de la viande, etc. Grâce aux livres qu'il a emportés et dont il suit scrupuleusement les conseils, il devient même trappeur.
Notre Daniel Boone des temps modernes, qui n'avait jamais touché un fusil, devient non seulement un bon tireur, mais aussi un bon trappeur. Il capture des animaux sauvages qu'il tue pour les manger. Je précise pour que ce soit bien clair.
Le hic, outre le fait que je ne goûte guère les scènes de chasse et de mise à mort, c'est que Pete n'est pas seul au monde, perdu dans la jungle, mais seulement à une soixantaine de km de Missoula (Montana) qu'il dispose d'un camion, qu'il reçoit de temps en temps la visite des gardes du parc et surtout des chasseurs du coin. Disons que ce n'est pas une solitude complète. L'auteur nous ressort l'éternel cliché du type qui mesure sa virilité et sa capacité à survivre dans la nature à l'aune du nombre d'animaux trucidés et consommés. Et ça, c'est quelque chose qui m'agace particulièrement en littérature.
Heureusement, parfois il lui arrive des choses cocasses (en raison de son inexpérience), souvent il s'extasie sur les paysages (et du coup moi aussi) et enfin, le fait qu'il ait avec lui une petite chienne adoptée juste avant son départ, est le prétexte de scènes à la Jack London, de jolis moments d'amitié entre l'homme et le chien.
Pour le reste, son séjour dans les Rocheuses ressemble par moments à certains passages de Rambo (c'est qu'il est fortiche le gars, il se tire de toutes les situations, frôle la mort, évite les accidents, réchappe de peu à une intoxication, etc.) et au journal intime d'un jeune blanc-bec à qui ses copains et les fêtes manquent un peu quand même.
Je n'ai pas ressenti d'émotion particulière durant cette lecture, je n'ai pas décelé cette passion immodérée pour le monde sauvage ou tout simplement ce respect pour la nature que j'ai déjà rencontrés chez Ed Abbey, John Muir, Rick Bass, Norman McLean ou d'autres auteurs que j'aime. Ces sentiments nesont pas absents, mais c'est plus discret chez Pete Fromm, probablement parce que le récit est surtout centré autour de sa petite personne.
Je m'en veux un peu de terminer sur une note négative, aussi dois-je ajouter que l'écriture m'a plu, et que, globalement, j'ai apprécié ce récit (essentiellement si je fais abstraction des scènes de chasse) même s'il ne figurera pas dans mes préférés.
PS : Je me demande si, d'une certain façon, mon avis sur ce livre n'a pas été influencé par une lecture précédente, celle d'Into the Wild... Ceci expliquerait mon léger désappointement au sujet d'Indian Creek.