C'est un de mes romans préférés que je lis et relis depuis plus de vingt ans, à intervalles fort irréguliers. Bien évidemment, j'ai toujours beaucoup de plaisir à regarder une adaptation et comme il y a quelques jours je suis allée voir la version de Cary Fukunaga, je vais en profiter pour faire un petit récapitulatif des différentes adaptations qui m'ont marquée.
J’avais en tête ma série favorite, celle de 1983 avec Timothy Dalton et Zelah Clarke. Cette version, quoi qu’un brin théâtrale, avait le grand mérite d’être extrêmement fidèle au roman de Charlotte Brontë. Dalton campait un Rochester plus que convaincant, passionné et tourmenté, tyrannique par moments, exactement comme dans le roman, et mon seul bémol concernait l’actrice, un petit peu trop réservée dans son jeu, du moins dans la première partie. Lorsqu'elle est obligée de mendier, après avoir fui Thornfield, Zelah Clarke semble métamorphosée : souriante, extravertie, spontanée. Un trop grand contraste avec son attitude près de Rochester, où elle apparait véritablement corsetée par ses principes. J'ai toujours eu un faible pour Timothy Dalton, je l'avoue, mais ce qui me plait infiniment dans cette version, c'est avant tout, je me répète, la fidélité au texte.
J’avais entendu parler – en bien – de la mini-série BBC de 2006 à l’auberge de Lambton et j’avoue que j’étais impatiente de la regarder. Je n’ai pas été déçue, mais pas conquise non plus. Toby Stephens campe un Rochester bien plus agréable que dans le roman, un peu égoïste certes, un brin torturé aussi, mais plutôt charmant dans le fond. D’ailleurs, la scène la plus mièvre ou la plus déplacée, j’hésite sur le qualificatif, est celle où Rochester tente de convaincre Jane de rester après le désastre à l’Eglise. Cette façon de la tenter avec des baisers a un côté nunuche qui m‘agace et qui ne me semble pas être une réaction digne de Rochester ! Ruth Wilson m’a réellement enthousiasmée. Pas trop jolie mais charmante à souhait, émouvante et plus fragile que dans la version de 1983.
De plus, il ya une réelle alchimie entre les deux acteurs.
En revanche, la mini-série a été sérieusement tronquée dans sa diffusion. Cela lui donne un rythme saccadé, peu agréable, et surtout l'absence de certaines scènes perturbe la compréhension de l’histoire pour ceux qui ne connaissent pas le roman. Tout va bien trop vite et des personnages secondaires manquent à l'appel, comme Miss Temple par exemple. Cette mini-série s'est focalisée sur l'histoire d'amour entre Jane et Rochester, faisant l'impasse sur certains événements et sacrifiant certains personnages.
C’est dommage...
Je n'évoquerai même pas la version ciné de Zeffirelli. William Hurt et Charlotte Gainsbourg était fort mal assortis et leurs prestations respectives peu convaincantes. La seule note positive fut la présence d’Anna Paquin qui incarnait Jane enfant. C’est peu. Ah, et j'oubliais Fiona Shaw, dans le rôle de Mrs Reed.
Cette nouvelle mouture signée Fukunaga m'a, en revanche, fascinée. Les décors sont superbes, Thornfield est beaucoup moins lugubre ici que dans la version BBC 2006. C'est sans doute aussi parce que le réalisateur a fait de la nature un personnage à part entière. La partition musicale, mélancolique, est un élément important du film et le casting est de qualité : Judi Dench en Mrs Fairfax, le toujours excellent Jamie Bell dans le rôle de St John (un choix un peu surprenant mais qui trouve sa justification dans le jeu de l'acteur, épatant), et bien sûr, le couple phare : Mia Wasikowka incarne une Jane très renfermée, à l'image de celle interprétée par Zelah Clarke, réfrénant beaucoup trop ses émotions et paraissant malheureusement plus austère qu'elle ne l'est en réalité. Michaël Fassbender que je découvre au fil de sa filmographie est absolument parfait, le Rochester rêvé. Changeant, brusque, passionné, malheureux... et tellement magnétique ! Je ne saurai dire quelles sont mes scènes préférées, celle du jardin probablement, après l'affreuse nuit passée à soigner Mason, évidemment la déclaration d'amour et puis surtout ce passage où il tente de convaincre Jane de rester : c'est à la fois amer et touchant. J'ai adoré le personnage de St John, toujours présenté un peu en retrait dans les versions BBC et si froid, si impertubable. Tandis qu'ici, Jamie Bell a su faire ressortir le caractère de son personnage en quelques expressions et attitudes, inspirant à la fois de la sympathie et une certaine crainte tant son ambition prime sur les sentiments (les siens comme ceux de Jane d'ailleurs).
Alors bien sûr, le film n'est pas exempt de quelques petits défauts : il y a des scènes qui ont été supprimées (j'espère qu'elles seront incluses dans le dvd) ou raccourcies (par exemple, la scène des adieux quand Jane annonce à Rochester qu'elle doit se rendre chez Mrs Reed est particulièrement froide et abrupte) et en conséquence le film parait bien trop court mais l'essentiel du roman a été retranscrit. A noter que, pour moi, cette adaptation se distingue particulièrement par une narration originale : le film commence avec l'arrivée de Jane chez les Rivers et remonte le fil de l'histoire par les souvenirs et les flash-backs, et puis le réalisateur a préféré s'appuyer sur le point de vue de Jane, ses aspirations et ses revendications. Nous connaissons son histoire à travers ses yeux, et c'est bien ainsi.
Pour chacune des ces adaptations, on pourrait disséquer à loisir sur la manière dont chaque réalisateur a
choisi d'aborder l'enfance de Jane, le personnage d'Adèle, les relations entre Rochester et Blanche Ingram ou encore l'inquiétante présence de l'épouse de Rochester. Excepté pour la version de
1983, quasiment complète, ces passages du roman sont brièvement abordés ou quelque peu modifiés. Jane Eyre est un roman riche où chaque détail compte, et je crois que les coupes opérées ne
sont pas toujours judicieuses. A chacun de se faire son opinion !
Pour résumer, je dirai que côté mini-série, la cuvée 1983 reste indétrônable, tandis que pour
les films, la réalisation de Fukunaga a ma préférence, sans hésiter !
j 05/10/2016 17:28
Folfaerie 05/10/2016 20:51
crm tools 11/02/2014 11:44
Theoma 20/09/2012 21:09
Folfaerie 22/09/2012 19:16
Céline 16/09/2012 18:03
Folfaerie 16/09/2012 20:13
zarline 11/09/2012 21:46
Folfaerie 12/09/2012 21:34