Voilà, ça c'est du Nature Writing à la française (mais qui prend place aux
USA quand même). Un gros coup de coeur lorsque je l'ai découvert, relu pour ce challenge (parce qu'il le vaut bien...).
Yves Berger était un fou d'Amérique, celle des canyons, des grands espaces, des pierres et du saguaro, ce cactus-candélabre, symbole des déserts américains.
Dans cette relation de voyage, l'auteur rend un hommage passionné à cette terre promise, et à ses premiers occupants, les "peaux-rouges", se faisant poète et géologue, puisant dans la richesse de la langue française pour décrire la nature grandiose et les sentiments qu'elle suscite. A travers les yeux d'Yves Berger, le lecteur devient pèlerin et part à la découverte, ou re-découverte, de la beauté originelle de ce grand continent, délivré des hideuses verrues que sont les grandes métropoles, sillonnant les parcs nationaux, cheminant sur les sentiers poussiéreux au pied des mesas, le long des défilés, au bord des crevasses, à guetter et espérer un contact, une émotion, qui surgit tout à coup au détour d'une page.
J'ai toujours pensé que mon premier voyage aux Etats-Unis se déroulerait ainsi : je ne veux pas visiter les villes mais bien la nature encore sauvage, les parcs nationaux et marcher sur les traces de John Muir ou d'Yves Berger.
Donc, il était un amoureux de la nature en général et plus particulièrement des arbres.
S'il me fallait donner une seule réponse à la question (un peu bête) : pourquoi aller dans l'Utah ? Je
dirais : à cause des pins Bristlecone. Sans doute parce que nous les aimions entre tous les arbres, nous les reconnaissions : survivants des millénaires , arbres antédiluviens, réduits aux vieux
os décharnés de leurs ligneux squelettes, tout en éperons, formes torturées, volets et torsades, ils ont ont défié le temps - mais dans la mort, arbres-momies.
C'est un livre extrêmement court, mais lyrique, passionné et poétique. Contagieux aussi.
..."où l'on arrive à travers un univers minéralisé qui est le coeur du silence, à ceci près que la voix porte à distance et qu'elle engendre un écho qui, se heurtant au cercle incorruptible des falaises, ne cesse de se répercuter, de rebondir, de sorte que j'ai cru, une fois en chair et en os dans la Vallée de la Mort, sans que sa légende eût cessé de m'occuper, que ma voix, là-bas au loin repoussée par la montagne, se brisait en une plainte...".
Un vrai plaisir de lecture, un voyage comme on en fait peu, et si vous voulez mon humble avis, un incontournable du Nature Writing !
commentaires
Theoma 04/04/2011 14:34
Folfaerie 06/04/2011 10:16
Aifelle 03/04/2011 10:53
Folfaerie 03/04/2011 19:07
keisha 03/04/2011 09:14
Folfaerie 03/04/2011 19:05