Il pleut encore et toujours, le potager fait grise mine, ce n'est pas encore cette année que je vais pouvoir faire des conserves... Mais je ne suis pas rancunière, voici quelques poèmes en l'honneur de la pluie.
La pluie
La pluie fine a mouillé toutes choses, très doucement, et en
silence. Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres.
Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures.
La pluie au printemps est délicieuse. Les branches chargées
de fleurs mouillées ont un parfum qui m'étourdit. On voit briller
au soleil la peau délicate des écorces.
Hélas ! que de fleurs sur la terre ! Ayez pitié des fleurs
tombées. Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue ;
mais les conserver aux abeilles.
Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les
flaques d'eau ; je ne veux pas marcher sur eux, ni effrayer ce
lézard doré qui s'étire et cligne des paupières.
Pierre Louÿs
Pendant la pluie
Après une chaleur si dure
Tout se rafraîchit pour l'instant.
La pluie est absorbée autant
Par le roc que par la verdure.
Terrains noirs, sillons bruns et roux,
Prés et bois, les pentes, les trous,
Toute la campagne qui songe
S'en imbibe, la boit, l'éponge.
Les pauvres herbes altérées,
Les mousses du val, du coteau,
La pompent goulûment cette eau,
Qui les rendra plus colorées !
Le limon fait comme le sable
Restant sec sous son brillanté,
Il aspire l'humidité...
Et l'ornière est inremplissable.
En haut de ce chêne une pie
Savoure son humectement
Avec un tel ravissement
Qu'elle en paraît tout ébaubie.
La bergère a quitté son arbre
Pour avoir le corps plus mouillé ;
Là-bas un vieux, stupéfié,
Dans l'immobilité d'un marbre,
Ruisselle comme les feuillages ;
Moi, de mon coin pierreux, j'observe les nuages,
Au tintement de l'eau sur le gravier qui luit ;
Et je me surprends à sourire :
Ce gazouillis claquant me rappelant le bruit
Que fait l'huile fumante en une poêle à frire.
Maurice Rollinat
Ma soeur la pluie
Ma soeur la Pluie,
La belle et tiède pluie d'été,
Doucement vole, doucement fuit,
A travers les airs mouillés.
Tout son collier de blanches perles
Dans le ciel bleu s'est délié.
Chantez les merles,
Dansez les pies !
Parmi les branches qu'elle plie,
Dansez les fleurs, chantez les nids
Tout ce qui vient du ciel est béni.
De ma bouche elle approche
Ses lèvres humides de fraises des bois ;
Rit, et me touche,
Partout à la fois,
De ses milliers de petits doigts.
Sur des tapis de fleurs sonores,
De l'aurore jusqu'au soir,
Et du soir jusqu'à l'aurore,
Elle pleut et pleut encore,
Autant qu'elle peut pleuvoir.
Puis, vient le soleil qui essuie,
De ses cheveux d'or,
Les pieds de la Pluie.
Charles Van Lerberghe
The rainy day
The day is cold, and dark, and dreary
It rains, and the wind is never weary;
The vine still clings to the mouldering wall,
But at every gust the dead leaves fall,
And the day is dark and dreary.
My life is cold, and dark, and dreary;
It rains, and the wind is never weary;
My thoughts still cling to the mouldering Past,
But the hopes of youth fall thick in the blast,
And the days are dark and dreary.
Be still, sad heart! and cease repining;
Behind the clouds is the sun still shining;
Thy fate is the common fate of all,
Into each life some rain must fall,
Some days must be dark and dreary.
Louis Elegy 22/08/2010 06:57
Folfaerie 22/08/2010 18:10
kass 16/06/2010 10:59
kass 15/06/2010 15:38
Folfaerie 15/06/2010 17:16