Qui ne se souvient de ce très bon western dans lequel John Wayne incarnait ce cow-boy raciste, obsédé par sa quête, rechercher sa nièce capturée par une tribu indienne après le massacre de sa famille ?
Et bien c'est un roman qui est à l'orgine de ce film. The searchers a été publié en 1954 et deux ans plus tard, John Ford s'en emparait pour réaliser le film que l'on connaît.
Amos Edwards, vétéran de la guerre de Sécession, vit non loin de la famille de son frère, un éleveur qui a quatre enfants. Un jour, pendant qu'Amos est à la recherche de voleurs de bétail, les Comanches attaquent le ranch familial. Seules les deux petites filles, Lucy et Debbie sont épargnées mais enlevées par la tribu.
Pour Amos, et son neveu Martin Pauley, commence une traque de plusieurs années pour retrouver les disparues.
Parlons clairement, c'est un roman qui traite du racisme envers les Indiens. Amos est habité par une haine farouche dès lors que sa famille a été massacrée. Il ne rêve que vengeance, tuerie et représailles. Le jeune Mart n'est pas loin d'avoir la même opinion, mais malgré tout, son principal souci, c'est de retrouver les jeunes filles.
Oui, les Indiens tuaient les ranchers, et oui, les soldats et Texas rangers massacraient en retour. Personne pour se demander pourquoi les Indiens étaient amenés à tuer, pas un pour se repentir de s'installer sur les terres indiennes. La résistance à l'ennemi blanc c'était la guerilla. Pas joli mais il fallait bien mener la lutte.
C'est rare de lire un western avec une psychologie aussi fouillée, aussi intéressante. Bien que l'on commence
l'histoire avec le point de vue des Blancs, Alan Le May nous montre également le quotidien des Indiens, et dépeint les rapports pour le moins houleux qui existaient entre colons et
autochtones à cette époque. Chez les deux protagonistes principaux, les changements qui s'opèrent en eux au fil des années en font des personnages complexes. Ma préférence est allée,
naturellement, à Mart Pauley, dont l'évolution de caractère est particulièrement intéressante à suivre. Et la fin est tellement émouvante, tellement touchante... Ce n'est pas un happy end, ce
sont pas les gentils cow-boys contre les méchants indiens, c'est bien plus riche que tous ces clichés.
Je crains hélas que ce roman (édité par les éditions du Rocher, collection Nuage Rouge) ne soit épuisé aujourd'hui. Pour les plus courageux, lire en v.o. peut être la solution idéale pour découvrir ce bon bouquin.
Amos, Mart realized, no longer believed they would recover Lucy alive--and wasn't thinking of
Debbie at all. Seeing Amos' face as it was tonight, Mart remembered it as it was that worst time
of
the world, when Martha lay in the box they had made for her. Her face looked young and
serene,
and her crossed hands were at rest. They were worn hands, betraying Martha's age as her face
did
not, with little random scars on them. Martha was always hurting her hands. Mart thought,
"She
wore them out, she hurt them, working for us."
As he thought that, the key to Amos' life suddenly became plain. All his uncertainties, his
deadlocks
with himself, his labors without pay, his perpetual gravitation back to his brother's ranch--they
all
fell into line. As he saw what had shaped and twisted Amos' life, Mart felt shaken up; he had
lived
with Amos most of his life without ever suspecting the truth. But neither had Henry
suspected
it--and Martha least of all.
Amos was--had always been--in love with his brother's wife.