Après la série des Alatriste, Le maître d'escrime est l'un de mes livres préférés. Le thème du roman et l'époque me plaisaient particulièrement, d'autant qu'à
une époque, un peu lointaine maintenant, j'ai assidument fréquenté de grands escrimeurs qui m'ont donné le goût de cette discipline. Je parle bien entendu de Jean Marais ou de Stewart Granger,
grands spécialistes du cape et d'épée, un genre cinématographique bien plus populaire à la tv il y a encore une dizaine d'années. Sans oublier Zorro, évidemment...
Or donc, à la fin du siècle dernier, le maître d'escrime Jaime Astarloa (qui n'est pas sans rappeler un Athos vieillissant) survit tant bien que mal grâce aux quelques leçons qu'il donne à un petit groupe de riches héritiers de Madrid. Le vieux maître, aux manières démodées, s'efforce de préserver son art, tendu vers l'unique but de sa vie : découvrir la botte parfaite. Un jour, il reçoit la visite de la belle et mystérieuse Adela de Otero, désireuse de parfaire ses talents d'escrimeuse. L'apparition de la belle va déclencher toute une série d'événements : meurtres sanglants, scandale politico-financier, menace de guerre civile... qui vont obliger le maître à quitter le refuge de sa salle d'armes. Pour sauver sa vie, Astarloa devra faire appel à toute la science de son art.
Voilà un excellent roman historico-policier (sur lequel, une fois de plus, plane l'ombre d'Alexandre Dumas), qui ressuscite le bon vieux cape et d'épée, sous la plume alerte et talentueuse de cet écrivain. Uun roman qui vous donnera certainement une furieuse envie de manier le fleuret !
Don Jaime marqua une demi-attaque en tierce, ce qui impliquait une fausse attaque avant de tirer en quarte ; avant tout pour tester la réaction de la jeune femme, car il ne désirait pas encore la toucher avec la mouche de son arme. A sa grande surprise, Adela de Otero resta ferme et le maître vit luire la pointe du fleuret ennemi à quelques pouces de son estomac quand elle lança avec une rapidité inattendue une estocade basse en seconde, en même temps que de ses lèvres crispées jaillissait un cri de combat rauque.