Printemps
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L'oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d'être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d'une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d'amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l'ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d'heureux chanter dans l'infini.
Victor Hugo
Avril
Déjà les beaux jours, - la poussière,
Un ciel d'azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; -
Et rien de vert : - à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !
Ce beau temps me pèse et m'ennuie.
- Ce n'est qu'après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l'eau.
Gérard de Nerval
Printemps
Printemps, printemps ! Que l’air est pur
Et rayonnant. Les cieux
De leur vivifiant azur
Ont aveuglé mes yeux !
Printemps, printemps ! En tourbillon,
Sur les ailes du vent
Les nuages vers les rayons
S’envolent, s’esquivant.
La cours des ruisseaux a repris,
Et la rivière fend
La glace, emportant les débris
Sur son dos triomphant.
Les arbres sont tout nus encor,
Mais sous la neige on voit
Réapparaître, ancien décor,
Les feuillages des bois.
L’alouette en planant dans l’air
Chante l’hymne au printemps,
Et je retrouve en un éclair,
L’ardeur de mes vingt ans.
Que se passe-t-il avec moi ?
L’âme se fait ruisseau
Elle emprunte envolée et voix
Aux aimables oiseaux.
Mon être jouit tellement
Du printemps, du soleil.
Est-il donc fils des éléments,
Leur serait-il pareil ?
N’importe ! Heureux qui trouve oubli
A la pensée cruelle
Par elle tout est aboli,
Tout dévoré par elle.
Evguéni Baratynski (1834)
Angie 03/05/2010 22:53