Merci à BOB et aux éditions du Livre de Poche pour ce partenariat. J'avais choisi ce titre d'abord parce que je ne connaissais pas cet auteur américain et que j'aime bien découvrir de nouveaux talents et puis parce que le roman avait pour cadre la Louisiane, un état qui me fascine depuis très longtemps.
Je dois avouer que la lecture de ce livre ne fut pas aussi enthousiasmante que je l'espérais...
C'est une saga familiale prenant place dans le sud des U.S.A. tout ce qu'il y a de plus classique : deux clans de pêcheurs d'huitres, les Petitjean - Mathilde et Félix, leur fils et leur fille - (dont les parcs sont de meilleure qualité) et les Bruneau - Darryl et ses trois fils - , se vouent une animosité féroce, nourrie par des rivalités professionnelles, des jalousies amoureuses et de sombres secrets. Cette animosité se transforme en haine le jour où la jeune et belle Thérese Petitjean tue le patriarche de la famille Bruneau, qui voulait l'épouser. Cet assassinat perpétré dans le bayou va déclencher en retour un autre drame qui annoncera la perte de l'une de ces deux familles.
La scène d'ouverture est plutôt saisissante, non seulement car elle s'ouvre sur un crime, mais surtout parce qu'elle met immédiatement en relief le caractère de la jeune héroine, Thérèse, qui ne s'embarrasse guère de considérations pour régler ses problèmes...
Une fois, "Horse" Bruneau expédié dans l'autre monde, les trois fils de ce dernier réclament vengeance et décident instantanément que le coupable ne peut être que le fils Petitjean. Logique.
On peut pas dire que la psychologie des personnages soit très fouillée dans ce roman. Les frères sont à eux trois l'archétype du macho de ce sud profond : violent, frustre, coureur de jupons, retors, etc. Le cadet a un peu de conscience que les autres mais le personnage ne m'a pas plu; un peu stupide et trop mollasson, à la limite de la lâcheté.
Tant pis si je dévoile quelques ressorts de l'intrigue, on les devine de toute façon très vite, Mathilde Petitjean fut la maîtresse de Darryl "horse" Bruneau (toujours ce schéma classique de la saga familiale). A la mort de cette crapule dont les Petitjean étaient les débiteurs, elle se remémore ce passé heureux lorsqu'elle trompait son mari avec le viril et rude bellâtre de service, lui-même marié... Voilà un exemple de passage qui me semble bien faible et ne colle pas avec le climat de l'histoire : la scène des confidences de Mathilde à sa fille, mal menée, est assez banale qui plus est (tout ça pour une liaison torride et éphémère).
On comprend mieux les raisons qui ont poussé la jeune demoiselle à employer une méthode radicale pour mettre fin à son problème quand on sait que les époux Petitjean l'auraient allègrement sacrifiée au Patriarche Bruneau pour éponger un peu leurs dettes... Très honnêtement, c'est bien le seul personnage intéressant de ce panier de crabes... ou d'huîtres plutôt ! Il est très rare qu'une femme parvienne à ses fins et accomplisse sa vengeance jusqu'au bout, la jeune Thérèse méritait donc toute ma sympathie, malgré, parfois, un comportement un peu saugrenu : exemple: comment une fille capable de tuer de sang-froid peut-elle se montrer aussi naïve et peu sur ses gardes lors de la scène de la promenade en cadillac avec le fils aîné Bruneau ? Là encore, j'ai trouvé que ça ne collait avec le reste.
J'ai regretté que l'auteur ne s'étende pas davantage sur le cadre : il y avait matière à écrire sur le bayou, un monde fascinant et mystérieux, introduire un peu de poésie avec les descriptions de la nature. Diable, la Louisiane est un Etat suffisamment intéressant pour qu'on s'autorise quelques envolées lyriques, non ?
Manifestement, Buiguenet n'avait pas envie de jouer les guides touristiques, le bayou est aussi vite expédié que les motivations des protagonistes. En revanche, si vous êtes amateur d'huitres, pas de problèmes, vous aurez de quoi vous contenter...
La fin, véritable happy end, est également consternante.
Je n'ai rien à reprocher à l'écriture, mais l'auteur là encore ne se démarque en rien. Du boulot d'écrivain honnête et c'est tout.
Voilà, je ne pense pas que ce soit un mauvais roman, loin de là, mais je suis restée de marbre face à cette saga très conventionnelle, d'autant que les quelques maladresses relevées un peu plus haut ne m'ont guère incitée à la clémence. J'en suis désolée.
Pour les lecteurs plus exigeants, si vous tenez absolument à lire une tragédie familiale : ma foi, William Faulkner est votre serviteur...
un avis positif chez Nelfe, ici.