Dans l'Angleterre victorienne, Margaret Mackenzie, vieille fille de 35 ans, reçoit subitement un héritage et les prétendants ne tardent pas à se presser. Elle hésite entre son cousin John Ball, veuf et père de famille nombreuse, Samuel Rubb, l'associé filou de son frère, et le révérend Maguire. La situation se complique lorsque l'héritage est remis en cause... Le style est à l’image de son héroïne : tout en retenue et en mesure, sans fards, avec un art de la litote qui sert au mieux la satire sociale. Le livre est farci d’humour et le dîner de Mrs Tom Mackenzie ou le Bazar des orphelins de soldats nègres en sont des morceaux choisis.
J'inaugure mon premier Trollope (mieux vaut tard que jamais, non ?) avec ce titre tout simplement parce qu'il était en format poche. J'avais bien repéré d'autres titres chez Keisha, mais j'ai préféré commencé... modestement.
Bien m'en a pris car si j'ai globalement aimé ce roman, il n'a pas été un coup de coeur, notamment en raison de sa longueur.
Miss Mackenzie avait tout pour me plaire et notamment un mauvais départ dans la vie : vieille fille de 35 ans, pas très jolie ni spécialement intelligente, ayant vécu presque en recluse au chevet d'un frère malade, une vie bien terne et triste. Mais un grand changement s'annonce le jour elle hérite d'une petite fortune. Déterminée malgré tout à profiter de l'existence, Miss Mackenzie quitte une ville où elle n'était pas heureuse, pour s'établir dans une nouvelle société à Littlebath. Généreuse malgré ses envies d'indépendance, notre héroïne embarque dans sa nouvelle vie une nièce à qui elle fait profiter de cette petite fortune, fort bienvenue. J'ai d'ailleurs apprécié les motifs qui la conduisent à profiter enfin un peu de la vie. Malgré son envie de se marier, Margaret reste lucide.
« Sa lettre était brève et censée, et il y plaidait sa cause aussi bien que les mots pouvaient la plaider à cette époque ; mais en vain. […] Si peu qu[e Margaret] connût le monde, elle n’était pas prête à sacrifier sa personne et sa nouvelle liberté, son pouvoir nouveau et sa fortune nouvelle pour Mr Harry Handcock. […] Elle avait regardé dans le miroir et s’était aperçue que les années l’avaient améliorée, alors que les années n’avaient pas amélioré Harry Handcock. »
Jusqu'ici, il n'y a rien de bien palpitant; Cependant, j'ai pris beaucoup de plaisir à assister à la lente transformation de cette jeune femme, plus ou moins ignorante des usages de la société, affamée d'affection, honteusement manipulée par ses proches qui se souviennent bruquement de son existence.
Plus réjouissante encore, cette rivalité entre trois prétendants, dont l'un seulement, malgré sa mollesse et sa tendance à s'apitoyer sur son sort, semble le plus digne de gagner l'amour de Miss Mackenzie.
« Il faut avouer qu’il était lâche, mais la plupart des hommes ne sont-ils pas lâches en pareil cas ? »
Trollope décrit la bonne société où, sous le vernis des bonnes manières et du strict respect des convenances, perce la mesquinerie, l'ennui et, il faut bien le dire, la médiocrité. Le tout avec ironie et humour. A lire tous ces passages où Miss Mackenzie doit subir les petites réunions de l'après-midi, les thés si ennuyeux, les propos guère généreux, la méchanceté de Lady Ball, la mère de son cousin John, j'ai songé que finalement, je n'aurai peut-être pas apprécié de vivre à l'ère Victorienne...
Notre héroïne triomphera des obstacles parce qu'elle est droite, généreuse et patiente. Souvent, l'écrivain utilise des métaphores et compare Miss Mackenzie, entre autres, à l'héroïne de Perrault dans La patience de Grisélidis. (Ce n'est vraiment pas le conte que je préfère !).
En dépit de mon affection pour cette "vieille fille" qui, malgré ses maladresses, parvient à mener sa barque sans trop de dommages et à émouvoir le lecteur, j'ai peiné pour ne pas relâcher mon attention à plusieurs reprises. Le roman m'aurait davantage séduite s'il avait été peu... élagué.
Je me lancerai probalement dans la lecture d'un autre Trollope, à un rythme raisonnable. Un par an, cela me
semble bien, non ?
Traduction : Laurent Bury.
D'autres avis sur
Babelio,