J'avais écrit quelques articles sur le blog qui suivaient la progression de ce projet qui me tenait à coeur, une nouvelle version de mon héros d'enfance, Robin des Bois. J'étais donc fort impatiente de découvrir enfin le film. Aussi, vendredi, profitant d'une journée froide et pluvieuse, je fis le sacrifice d'un long trajet en voiture et d'une séance en VF, les joies du cinéma en milieu rural...
Mais franchement, à part un tremblement de terre, rien n'aurait pu m'empêcher d'aller voir mon héros sur un grand écran. Surtout que ce dernier est incarné par l'un de mes acteurs favoris, j'ai nommé le talentueux et viril Russell Crowe. Que demander de plus ma foi ?
Alors attention, ce Robin des Bois n'est pas un film pour midinettes, ça non. On décapite, on tranche, on transperce à tour de bras, le sang gicle, bref, on ne rigole pas ! Et la présence de la belle Marianne n'apporte guère de douceur, vu qu'elle manie l'épée presque aussi bien qu'un soldat anglais ! Heureusement, même au coeur de l'action, la belle Cate Blanchett ne se dépare pas de sa grâce.
Durant plus de deux heures, j'avoue en avoir pris plein les yeux et les oreilles. D'ailleurs, ce n'est pas compliqué, j'avais l'impression d'y être moi aussi. La scène d'ouverture est très jolie, presque poétique, avec les enfants. Et presque sans transition, la scène suivante nous transporte au coeur de la bataille, où nous suivons Richard Coeur de Lion qui mène ses troupes à l'assaut d'un château français. Par la même occasion, nous faisons connaissance avec l'archer Robin Longstride. Et oui, pas Locksley, mais j'y reviendrai plus tard. Je préviens de suite, les scènes de bataille et d'affrontement sont fort nombreuses. Ridley Scott possède un certain savoir-faire pour filmer les combats, c'est indéniable. Plusieurs scènes font immanquablement penser à la fois à Gladiator et à Braveheart, Mais depuis ces deux films, on peut difficilement faire mieux en matière de combat épique.
Donc disais-je, après avoir participé aux Croisades et guerroyé en France, l'archer Robin Longstride parvient enfin à rentrer chez lui en Angleterre, avec quelques compagnons dont Will et Petit Jean. Il s'est engagé à remettre l'épée de Locksley, un compagnon du roi Richard mort dans une embuscade, à son père Sir Walter Locksley. Pendant ce temps, et comme Richard a succombé à ses blessures durant l'assaut du château, c'est le prince Jean qui prend la succession, celui qu'on surnommera toute sa vie, Jean sans Terre.
Parvenu à Nottingham, Robin se fait plus ou moins adopter par Sir Walter, et on assiste à l'idylle naissante entre la veuve du chevalier, Lady Marianne et notre héros. Je dois dire que là encore, Ridley Scott a bien fait les choses, tout semble réaliste : le château des Locksley donne une impression de froideur, de la paille dans les grandes salles, des meubles rudimentaires, pas de vaisselle en or massif et rien de clinquant. Marianne est vêtue comme une paysanne et participe aux travaux des champs. Il faut dire qu'à cette époque troublée, les nobles d'Angleterre et le peuple payaient un lourd tribut. Les Croisades avaient coûté fort cher, de même qu'il avait fallu payer la rançon du roi Richard, et le clergé prélevait sans vergogne ses propres taxes sur les petites gens.
On peut noter des choses amusantes par rapport à la version avec Kevin Costner : ici par exemple, le Shériff de Nottingham apparait très brièvement alors qu'il était la figure centrale du film de Reynolds (comment oublier l'interprétation géniale d'Alan Rickman ?). En revanche, Ridley Scott dresse un portrait peu flatteur du roi Jean dont la présence est l'un des ressorts de l'intrigue. Robin est donc un simple archer et non le fils d'un noble, ce qui permet sans doute d'adhérer pleinement à son choix de vivre en proscrit, choix qui semble beaucoup plus réaliste pour un homme du peuple. Autre chose, Robin et Petit Jean scellent leur amitié de façon plus originale que le fameux combat à coups de bâton au bord de la rivière, mais rassurez-vous, nous retrouvons tout de même Frère Tuck dans des conditions fidèles aux récits d'origine.
Ridley Scott a choisi sa version, presque sans contraintes, car il faut bien se rappeler que les historiens ne parviennent toujours pas à se mettre d'accord sur l'existence de Robin des Bois. Certains clament qu'il est un pur produit littéraire, né au fil des ballades (il apparait pour la première fois au 14ème siècle), d'autres pensent que les récits se sont fondés sur des chroniques du 13ème siècle où un rebelle du nom de Robert Hood est mentionné. En admettant que cette source historique soit exacte, il faut reconnaître que les modifications apportées au fil des siècles par différents auteurs sont tellement importantes que le Robin que nous connaissons aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec l'original.
Qu'importe, l'imagination populaire s'en est emparée durablement, en témoignent les nombreuses adaptations cinématographiques, et les livres (surtout en langue anglaise, hélas).
Que dire d'autre ? Que les paysages sont magnifiques, surtout les forêts, que la musique est belle et le temps d'une courte scène on peut entendre le refrain de cette chanson populaire irlandaise que le groupe The Christians avait repris il y a quelques années sous le titre "words"...
La fin du film est quelque peu frustrante évidemment (en plus j'émets une certaine réserve sur l'une des dernières scènes, typiquement hollywoodienne), nous abandonnons Robin au moment où il entre dans la légende. A nous d'imaginer la suite...
Un coup de coeur pour moi, évidemment. Mais que cela ne vous dispense pas de visionnre également la version avec Kevin Costner, différente mais chouette quand même.