La rencontre
de deux Inklings
La grande originalité de cette biographie c'est qu'elle n'est pas consacrée seulement à Tolkien, (car depuis
la création de la trilogie de Jackson, chacun y est allé de sa contribution) mais s'intéresse surtout à l'amitié qui unissait le créateur des Hobbits à une autre figure de la littérature anglaise
: C.S. Lewis (qui était Irlandais). Ce dernier n'est pas très connu en France. Du moins, il l'est un peu plus depuis qu'Hollywood s'est emparé des adaptations de son cycle sur Narnia. On ne
trouve plus guère aujourd'hui ses récits traduits pour "adultes" et seules ont survécu "les chroniques de Narnia", cycle de fantasy en 7 volumes essentiellement destiné à un jeune public, plus
jeune en tout cas que celui du Seigneur des anneaux.
Duriez remonte donc aux sources de cette amitié, dressant un portrait relativement complet des deux hommes et
mettant en lumière leurs points communs comme leurs divergences, ne s'éloignant guère d'Oxford qui fut le centre de leur vie. Il est indéniable que chacun d'eux a eu une influence décisive sur
l'autre, si bien que, comme le dit un spécialiste, on ne connaitrait pas Lewis sans Tolkien, certes, mais l'inverse est également valable. Mais cette influence, contrairement à ce que l'on
pourrait croire, ne se situe pas au niveau de leurs écrits respectifs. Si chacun appréciait le talent de l'autre cela n'empechait pas que Tolkien était incapable de s'intéresser aux Chroniques de
Narnia tandis que Lewis ne pouvait se montrer un admirateur inconditionnel de l'Anneau. C'est surtout sur leur ouverture d'esprit et leurs convictions religieuses que les deux hommes se sont
mutuellement enrichis.
Il est également très intéressant d'avoir un aussi bel exemple d'amitié littéraire comme seule la
Grande-Bretagne peut en susciter. A la fin du livre, je me suis surprise à regretter de ne pas avoir connu cette époque pour l'ambiance si riche et si studieuse d'Oxford, cet extraordinaire
bouillonnement intellectuel, cette pépinière d'auteurs formidables qui avaient une véritable vénération pour la littérature anglo-saxonne, qui malgré leurs succès littéraires continuaient
d'enseigner à des générations d'étudiants ravis d'avoir pour professeurs des hommes aussi prestigieux.