Je savais bien que je n'allais pas rester longtemps sans nouvelles du commissaire Adamsberg... Je l'ai suivi à Londres, puis en Serbie, sur les traces d'un tueur peu commun. Frissons, angoisse et suspense insoutenable au programme. Il attire les gens bizarres, Adamsberg. Peu communs en tout cas.
Fred Vargas excelle dans les "seconds rôles" et les dialogues, pas de doute. J'ai beaucoup aimé le voisin du commisaire, celui à qui il manque un bras, Lucio, et qui aime les chats. Et puis le principal suspect, Emile, un cogneur celui-là, mais qui aime son chien Cupidon.
Et que dire de l'équipe d'Adamsberg ? Le fidèle et érudit Danglard, qui va nous conter l'histoire du cimetière de Highgate, l'imposante Retancourt, le pilier sur lequel notre héros s'appuie toujours, Estalère, perpétuellement dépassé par les événements, et ici, il y a de quoi, et puis une nouvelle venue, Froissy, obsédée par la nourriture...
L'ombre de Dracula plane sur cette sanglante enquête qui nous mène de Garches, où un homme a été proprement éparpillé aux quatre coins d'une pièce de son pavillon, à Londres, où un maniaque a laissé 17 chaussures avec leurs pieds (et oui...) devant la grille du cimetière de Highgate, jusqu'au bord du Danube, où Adamsberg se confrontera à son destin.
Bien, dit Clyde-Fox en se rechaussant. Sale histoire. Faites votre job, Radstock, allez voir ça. C'est un tas
de vieilles chaussures posées sur le trottoir. Préparez votre âme. Il y en a une vingtaine peut-être, vous ne pouvez pas les manquer.
- Ce n'est pas mon job, Clyde-Fox.
Bien sûr que si. Elles sont alignées avec soin, les pointes dirigées vers le cimetière. Je vous parle
évidemment de la vieille grille principale.
- Le vieux cimetière est surveillé la nuit. Fermé pour les hommes et pour les chaussures des
hommes.
- Eh bien elles veulent entrer tout de même, et toute leur attitude est très déplaisante. Allez les regarder,
faites votre job.
- Clyde-Fox, je me fous que vos vieilles chaussures veuillent entrer là-dedans.
- Vous avez tort, Radstock. Parce qu'il y a les pieds dedans.
Il y eut un silence, une onde de choc désagréable. Une petite plainte sortit de la gorge d'Estalère, Danglard
serra les bras. Adamsberg arrêta sa marche et leva la tête.
J'ai tout aimé dans ce roman, les hésitations et faiblesses de mon commissaire préféré, les inquiétudes et explications savantes de Danglard, le mythe du vampire revisité, l'intrigue tortueuse, la folie douce et la bonté qui s'échappent du roman, seules parades contre les atrocités de notre monde. Je ne sais pas où Fred Vargas va pêcher ses idées de crime (et finalement, je préfère ne pas savoir) mais, brrrr, je n'aimerai pas du tout ête à la place d'Adamsberg. C'est d'ailleurs ce qui me plait dans ces romans : le personnage du commissaire semble toujours être en total décalage avec les enquêtes, comme s'il parvenait à évoluer dans deux univers parallèles.
Que dire de plus ? Que j'ai lu ce livre d'une traite, que j'ai été bien attrapée quand enfin, le nom du coupable a été dévoilé et qu'il me tarde de lire mon prochain Vargas...
Plein d'autres avis sur Livraddict
et sur BABELIO.