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2013-07-29T13:52:09+02:00

Forêts sauvages (Robert Hainard)

Publié par Folfaerie
Forêts sauvages (Robert Hainard)

Attention, grand livre ! Grand par la qualité de la prose et le contenu. Robert Hainard était un touche à tout de génie, qui a passé l'essentiel de son temps à parcourir les forêts d'Europe. Peintre, graveur, sculpteur, écrivain, naturaliste... il écrivit de nombreux textes dont certains sont rassemblés dans cette anthologie proposée par son fils. Il restitue aussi bien ses observations de terrain que ses considérations sur la façon dont notre civilisation traite la nature.

On ne sait plus aujourd'hui ce qu'est une forêt sauvage, ou bien on croit le savoir. Dans notre pays qui compte 16 millions d'hectares de forêts, on se pense privilégié. Mais curieusement, la forêt française, morcelée, abrite un nombre d'espèces animales, celles inféodées à ce milieu, plutôt restreint. En témoigne l'état des populations du grand tétras ou du pique-brune pour ne citer que ceux-là.

Pourquoi ? Parce que le propriétaire forestier confond la forêt et un jardin : rentabilité économique, allées, sous-bois "nettoyé", coupes, éclaircies... Quand je disais qu'il fallait lire William Gilpin !

Avec Robert Hainard, nous découvrons ce qu'est réellement la forêt sauvage : un lieu propice à l'imagination, un écosystème libre où l'entretien n'est pas nécessaire (vive le bois mort et les sous-bois embroussaillés...). Les hommes ont du mal à accepter l'idée que la forêt se passe aisément de nos interventions. Elle n'a pas besoin d'être gérée, redessinée, encadrée, améliorée.

En toutes saisons, nous suivons Robert Hainard au hasard de ses pérégrinations, pleines de descriptions poétiques, nous attendons, comme lui, le coeur battant, la rencontre inespérée d'un ours ou d'un loup, nous croisons le cerf ou le sanglier. C'est un livre qui sent la pluie, l'humus et la brume, un livre précieux pour nourrir ses propres réflexions (ou préparer ses affûts !).

Un beau coup de coeur !

"Je me retourne, mi-conscient, le sommeil léger d'une longue nuit d'hiver.
Mais la seule bête que j'aie vue, c'est un bouvreuil replet, ventre merveilleusement rose, cape noire, buvant de son bec épais au miroitement d'une source minuscule qu'une barre de roche, au fond du ravin, fait affleurer parmi les feuilles brunes."

Puisque notre civilisation doit inéluctablement se dévorer elle-même après avoir tout dévoré, pourquoi ne pas prévoir, imaginer un peu ? Pourquoi ne pas y penser, pendant qu'il reste quelque chose à sauver ? Car, sauver dans cinquante ans la dernière violette sous le dernier buisson, ou garder maintenant l'ours et le bison dans la forêt vierge, c'est au même prix ; une révolution profonde ; seule la date change.

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commentaires
M
I am hearing about Robert Hainard for the first time. It is a fact that forests are diminishing so fastly from earth. So such write ups help a lot to remember the beauty of it. Thanks a lot for sharing the post.
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L
C'est parce que l'homme se sent au centre de tout. Un livre qui m'a l'air bien sympathique.
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