Horreur ! Les éditions de l'Archipel m'informent qu'ils ne publieront pas la suite des aventures de l'ignoble Flashman, que j'avait découvert à sa sortie, je
m'en souviens très bien, chez Gibert joseph à Paris. La couverture avait attiré mon regard, et les quelques pages feuilletées m'avaient convaincue d'acheter les deux romans de ce qui promettait
être une longue saga.
Je livre ici les deux critiques que j'avais écrites sur Zazieweb :
Courage, fuyons !
Telle est la devise du lieutenant Harry Flashman, honte de l'armée anglaise ! Jamais sujet de sa Majesté n'a été aussi antipathique que cet officier, fils indigne flanqué d'un père pas très
recommandable, décidé à faire carrière dans l'armée, et qui après quelques péripéties se retrouve en première ligne aux Indes puis en Afghanistan, en 1842.
Rien n'est susceptible de le racheter, excepté son humour peut-être et le fait qu'il a conscience de sa propre médiocrité.
Lâche, égoïste, arriviste, profiteur, et pire que tout, cruel et insensible. La preuve ? cet infatigable coureur de jupons, ce Don Juan de pacotille, n'aime pas qu'on lui résiste. Qu'une femme se
refuse à lui ou le dédaigne, et vlan, elle se prend une belle correction !! Il avoue par ailleurs avoir violé une femme afghane, fait exceptionnel qui ne s'est jamais répété, mais bon, on ne peut
pas dire que sa consience le torture sur ce chapitre. Il est pourtant marié, à une ravissante idiote et fougueuse, qu'il laisse derrière lui en Angleterre tandis que lui, lutine la gueuse entre
deux batailles. Batailles où la plupart du temps il ne s'illustre guère que par sa couardise et par une chance phénoménale qui lui permet en règle générale d'avoir la vie sauve.
Alors me direz-vous, d'où vient la popularité de ce hussard si répugnant, célébré outre-Manche et outre-Atlantique ? C'est que sous l'humour cynique perce une satire décapante de l'Empire
Britannique, où les généraux sont impitoyablement brocardés, de même que les campagnes militaires, les désastres, et les victoires sont scrutées à la loupe, et ne font pas honneur aux autorités
anglaises. Car à écouter Flashman, il y a largement pire que lui ! la plupart des gradés sont responsables des situations dramatiques qui émaillent les campagnes militaires. Ce n'est quand même
pas la faute de Harry si l'armée est commandée par des crétins ou des vieillards séniles !! Pourquoi donc aller risquer sa peau pour une poignée d'incapables ?
C'est toute la philosophie de Flashman, bien décidé à tirer
parti de chaque situation, dans l'espoir de faire fortune rapidement et de revenir en conquérant en Angleterre. Le regard qu'il porte sur la société anglaise est tout aussi dévastateur et pour
s'en rendre compte, il suffit de lire le passage où il fait connaissance avec sa belle-famille. Edifiant ! A l'en croire, il ne faisait pas bon vivre dans cette Angleterre de la moitié du XIXe
siècle.
Il m'a fallu dépasser le premier tiers du livre pour pouvoir apprécier pleinement les aventures de ce anti-héros abominable à l'humour ravageur. L'exactitude des faits historiques, la méchanceté
jubilatoire de l'auteur et la qualité de la prose forment un cocktail détonnant, qui met à mal la toute-puissance de l'Empire Britannique... Est-ce parce que l'auteur est écossais que la perfidie de son héros n'en est que plus savoureuse
?
Flashman et le prisonnier de Bismarck
Un pastiche réussi
Cette nouvelle aventure de l’ignoble Flashman se présente sous forme de pastiche, celui du prisonnier de Zenda. Ceux qui n’ont pas lu le roman d’Antony Hope se souviendront peut-être de
l’excellente adaptation cinématographique de Richard Thorpe avec Stewart Granger…
Au cours des années 1842-43, Flashman croise la route de Lola Montes et de Bismarck. Aussi horripilant qu’à l’accoutumée, ce couard se débrouille pour humilier l’une et l’autre, en conséquence de
quoi il sera l’objet d’une vengeance incroyable quelques années plus tard. En effet, appâté par une forte récompense, notre anti héros oubliant toute prudence, se rend en Allemagne sur
l’invitation de la sulfureuse Lola. Piégé par le comte de Bismarck, Flashman se voit contraint de prendre la place du prince Carl-Gustav, à la tête du duché indépendant de Strachenz, que se
disputent le Danemark et l’Allemagne. La suite de l’histoire est bâtie sur le modèle du prisonnier de Zenda, Flashman étant, par le plus grand des hasards, le sosie du prince.
Flashman est un peu plus sympathique que dans le premier volume de ses aventures. Ici point de chien à empaler ou de donzelle à violer de sorte que ce hussard de malheur paraît moins abominable.
Quoique…
L’écriture de qualité, l’humour féroce et le cadre historique sont autant d’atouts pour cette série qui comprend plusieurs volumes et qui a suscité l’enthousiasme des américains et des anglais
dès sa parution. Hélas, le public français ayant boudé ces deux premiers livres, les éditions de l’Archipel ont renoncé à traduire les aventures suivantes. Dommage…
Ce n'est pas seulement dommage, c'est une tragédie. Je suis allée faire un tour sur le site officiel de Flashman qui compte un très grand nombre de
fans chez les anglo-saxons et à la lecture des résumés des livres parus, j'en verdis de rage... le public français a choisi d'ignorer Flashman, et pour quelle raison ? De l'humour, un fonds
historique, des intrigues bien menées, une excellente traduction, des aventures échevelées et un ton irrévérencieux. Que demande le peuple ? Des bouquins ennuyeux ? Insipides ? On en ramasse à la
pelle toute l'année chez n'importe quel libraire...
Alors quoi, Flashman n'a vraisemblablement pas bénéficié d'une bonne opération marketing, noyé sous le flot des publications, emporté par un raz de
marée livresque qui l'a étouffé. Est-ce une raison pour l'enterrer aussi vite ?
Certainement pas ! Nous devons sauver Flashman, et pour ça un seul moyen : l'acheter et le lire...
2008-05-11T21:47:00+02:00
Les aventures de Flashman (George McDonald Fraser)
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