Prix Pulitzer 2007. Jamais prix n'aura été autant mérité. Mon premier coup de foudre de l'année 2009 fut pour le Prestige de Christophe
Priest. Voilà le second.
Le nom de McCarthy m'était familier mais je ne me décidais pas à choisir l'un de ses romans jusqu'à ce que je fasse la connaissance de l'écrivain
Yves Berger il y a quelques années. C'est grâce à lui que j'ai acheté Méridien de sang (je lui consacrerai un autre billet). Et puis les années ont passé et je n'ai pas exploré plus avant
l'oeuvre de cet auteur. Et puis, il y a plusieurs mois que je lis ça et là les critiques enthousiastes de la Route qui a raflé le prix cité plus haut. En général, j'apprécie les auteurs primés
par le Pulitzer (c'est autre chose que le Goncourt...). Et puis surtout, il y a cette adaptation cinématographique qui devrait sortir à l'automne aux USA. Du coup je me suis décidée. Sitôt
acheté, sitôt lu.
J'ai pris une grande claque avec ce roman. Happée dès les premières lignes. Le récit est dépouillé à l'extrême, le style est sec, McCarthy est le
spécialiste des "et", la ponctuation, connait pas. Les deux protagonistes n'ont pas de noms : ils sont l'homme et le Petit. Le père et le fils. Ils errent sur une terre dévastée et désolée,
couverte de cendres. Y a -t'il eu une catastrophe nucléaire ? Une autre monumentale connerie humaine ? On ne sait pas et d'ailleurs l'important n'est pas là. Quelques rares rescapés sillonnent la
route à la recherche d'un ailleurs. Les Gentils et les Méchants, mais la frontière est si mince entre les deux camps. L'homme et le petit ont perdu le compte des jours. Ils ont entassé leurs
maigres possessions dans un caddie et jour après jour l'unique obsession : manger et continuer à marcher. La peur au ventre. Au fil des pages on en vient à redouter, comme eux, une éventuelle
rencontre avec d'autres gens. Il y a ceux qui s'efforcent de demeurer humains, et les autres, qui sont retournés à la barbarie. Plusieurs passages saisissants, dont celui où ils descendent dans
une cave... Au bout d'un moment je n'osais plus tourner les pages. Qu'est-ce qui va leur arriver ? Quelles horreurs ? Vont-ils s'en sortir ? C'est rare un livre qui me glace autant le
coeur.
Et même temps c'est une histoire qui parle d'espoir et d'humanité. Chacun trouvera ce qu'il veut dans la Route : leçon de morale, fable biblique,
peu importe... Moi, je ne crois pas avoir jamais lu histoire d'amour plus poignante et plus belle. L'amour qui unit ces deux êtres. A vous serrer le coeur. McCarthy a écrit un chef-d'oeuvre. En
quelques phrases il restitue la monotonie de la vie de ces deux hommes : dans les descriptions, les courts dialogues, l'essentiel est là et derrière on perçoit autre chose. Tous les
non-dits.
Maintenant que j'ai terminé le livre, je me dis : pourquoi mettre des images sur ce formidable roman ? Ce n'était pas nécessaire. Mais cela me
rassure de savoir que c'est Viggo Mortensen qui endosse le rôle de l'homme. Qui d'autre que lui pouvait s'y confronter ?
Lire aussi le beau billet de El JC