En voilà un beau prélude à l'univers du Seigneur des Anneaux. Le seuil des Terres du Milieu...
C'est avec ce roman destiné à la jeunesse que le grand public découvrait l'existence des Hobbits, dès 1937 pour les Anglais en tout cas. Pour ma part, j'aspire toujours à faire partie du peuple Hobbit tant nous avons de points communs : une nette préférence pour une vie paisible, plusieurs repas par jour, de saines activités comme le jardinage ou les promenades, le goût des jolis intérieurs bien douillets (la description du confortable trou de Bilbo est toujours un régal) et parfois une envie d'aventures.
Cette envie sera assouvie pour Bilbo par l'intermédiaire de Gandalf (lequel aimait déjà les feux d'artifice et les ronds de fumée) qui adjoint le hobbit, catalogué "cambrioleur professionnel" à une troupe de 13 nains menés par le grand Thorin en personne, dans une quête pour retrouver un trésor gardé par un terrifiant dragon, le tristement célèbre Smaug. En matière d'aventures, on ne pouvait rêver mieux.
Très habilement, Tolkien promenait déjà son lecteur sur les terres des légendes nordiques tout en créant un univers très original. C'est l'occasion pour certains de faire connaissance avec des personnages qui interviendront à nouveau dans le Seigneur des Anneaux, et pour les autres, de retrouver des figures familières et de noter les changements. Le Bilbo que nous suivons ici diffère évidement du vénérable et sage Hobbit du Seigneur des Anneaux. Bilbo est sans cesse partagé entre deux désirs contradictoires : vivre des aventures et retrouver le plus rapidement possible sa petite vie confortable. Malgré les épreuves, la faim, la peur, le froid, d'innombrables dangers, Bilbo se révèlera à la hauteur de la tâche qui lui a confiée Gandalf.
Le roman recèle des scènes cultes, comme le tout premier face à face entre Bilbo et Gollum, la fameuse rencontre avec les trolls, la travresée de la forêt de Mirkwood, etc. A ce propos, mon édition de 1980 est assez curieuse, la plupart des noms ne sont pas traduits : point de Sacquet ici, mais plutôt du Baggins... Nous faisons connaissance avec le peuple des aigles, qui décidément, interviennent toujours à point nommé, les elfes bien sûr mais aussi avec des créatures plus déplaisantes comme les gobelins et leurs alliés, les Whargs et les araignées.
L'un des personnages rencontrés, sans doute le plus extraordinaire, est Beorn, capable de se changer en ours. Il me rappele toujours, d'une certaine façon, Tom Bombadil, sans doute à cause de l'épisode des poneys et de la traversée de la sombre forêt.
Autre passage très éclairant, l'antagonisme entre Elfes et nains. Dois-je avouer que ces derniers ne me sont pas toujours très sympathiques. Leur méfiance instinctive des autres peuples et leur grande avidité de richesses (n'oublions pas que ce sont eux qui réveillèrent le Balrog...) sont causes de bien des désagréments. Peut-être Tolkien en eut-il quelques remords en écrivant le Seigneur des Anneaux, car en tout cas, Gimli rachète largement les défauts de son peuple.
A la fin de cette aventure où certains ont été sacrifiés (car une bataille est tout de même livrée), Bilbo revient chez lui plus riche (voilà donc la provenance de la fortune des Sacquets), plus excentrique (du moins aux yeux des autres hobbits) et possesseur - quoique l'ignorant - du Maître Anneau. Un récit bien plus dense qu'il n'y parait, auréolé de cette touche de magie propre à l'univers de Tolkien et qui mérite bien une place d'honneur dans les bibliothèques. J'ai été enchantée de cette relecture, je peux donc témoigner que Bilbo le hobbit se lit toujours aussi bien, même au bout de 20 ans !
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