D'abord un grand merci à BOB et à l'éditeur, Monsieur Toussaint Louverture, pour ce partenariat. Pour moi qui m'intéresse aux romans de chevalerie depuis des
lustres, je ne pouvais pas manquer celui-ci d'autant plus qu'il est complètement inédit.
D'abord quelques mots sur le livre, superbe, qui bénéficie d'une belle reliure de couleur brune ornée de motifs dorés. On a l'impression de tenir entre ses mains l'un de ces ouvrages de contes
édités aux siècles précédents. L'éditeur a, de plus, courtoisement glissé un joli marque-page dans le paquet.
C'est un roman du XIVème siècle traduit du castillan
médiéval
et comme
dans la plupart de ces romans, tous les codes du genre sont présents : un chevalier courageux est victime d'une malédiction. Celui-ci voit son cheval mourir tous les dix jours, si bien que son
souverain, bien ingrat et mal conseillé, ne l'envisage que sous l'angle des dépenses occasionnées. Le noble chevalier, aussi dépourvu qu'un vulgaire valet, n'a plus qu'une solution : regagner son
honneur en parcourant le vaste monde. Dans cet exil forcé, il emmène sa femme et ses deux fils. Première originalité de ce roman, car le chevalier errant n'est point seul et se voit affublé d'une
famille.
Toutefois, la famille ne va pas demeurer unie bien longtemps. De cruelles épreuves attendent le chevalier Zifar : sa digne et sage épouse est enlevée par des marins peu scrupuleux, l'un de ses
fils est embarqué par une lionne décidée à en faire son repas, et le cadet ne trouve rien de mieux que de se perdre.
Cela suffirait à désespérer n'importe qui. Mais pas le chevalier Zifar qui poursuit ses aventures, décidé coûte que coûte à acquérir gloire et honneur. C'est ainsi qu'au fil du temps et de ses
pérégrinations, grâce à sa sagesse et sa vaillance, le chevalier va terminer sa carrière sur un trône, et même retrouver sa famille perdue. Dieu ne lui aura donc pas fait subir toutes ces
épreuves en vain... La troisième partie du roman est consacrée à Roboam, l'un des deux fils du chevalier devenu roi, lui aussi déterminé à prouver sa vaillance et à faire mieux que son père. Ce à
quoi il parviendra évidemment, Dieu étant également à ses côtés...
C'est finalement un roman assez drôle qui ressemble à ces boîtes gigogne. Il y a le roman de chevalerie pur, comme ceux de la geste arthurienne, et puis le conte fantastique, car nombre
d'aventures comportent des éléments merveilleux et surnaturels (l'un de mes passages préféfés est l'histoire du chevalier dans le Lac Sulfureux), mais aussi le traité de philosophie, le manuel du
parfait chrétien... On navigue entre les Mille et une nuits et Don Quichotte. C'est le mariage de l'Orient et de l'Occident. Cette (très) légère comparaison avec Don Quichotte s'explique par la
présence d'un personnage qui apporte de l'humour. Le ribaud (lequel deviendra le Chevalier Ami) qui accompagne le chevalier Zifar se distingue par son astuce, son courage et sa débrouillardise
(je dirai même que par moments il est plus fûté que le chevalier !). Les épisodes dans lesquels il intervient sont plutôt drôles.
La seconde partie, bien qu'elle soit un peu soporifique à mes yeux, m'a fait sourire à plusieurs reprises. C'est une longue énumération des principes chrétiens, des vertus et qualités à posséder,
que le Roi de Menton (ex chevalier Zifar) dévide à l'intention de ses deux fils. Ces généreuses recommandations n'ont pas été toutes suivies par le chevalier, en témoignent entre autres le
traitement infligé au Comte Nason, et une parenthèse particulière dans la vie maritale du chevalier... fais ce que je dis mais pas ce que je fais. Il est tout aussi amusant de constater qu'il ne
faut indisposer Dieu sous aucun prétexte mais qu'on peut occire à volonté n'importe quel quidam soupçonné de ne pas respecter les fameux principes en question. Autre exemple de charité
chrétienne, l'empereur que rencontre l'Infant Roboam, et qui fait trucider toute personne qui lui pose la question :" pourquoi ne riez-vous jamais ?" (quand on vous dit que la curiosité est un
vilain défaut !!).
Les quelques illustrations qui s'insèrent dans le livre sont le fait d'une artiste bien contemporaine, mais qui a su donner un cachet ancien à ses dessins, qui collent parfaitement au
contexte.
La toute dernière partie de l'ouvrage est consacrée aux annexes où le lecteur trouvera toutes les explications voulues sur l'origine de ce roman et le travail de l'éditeur. Intéressant quoiqu'un
peu technique . Chapeau à la maison d'édition qui a osé parier sur cette curiosité littéraire et qui, de plus, a choisi un bel écrin pour cette oeuvre originale et fort distrayante.
Malgré de toutes petites réserves sur la seconde partie (Leçons du roi de Menton), j'ai beaucoup aimé ce roman de chevalerie, plus facile et agréable à lire que certains romans contenus dans
"Récits d'amour et de chevalerie" ou "la légende Arthurienne".
2010-03-01T08:01:00+01:00
Le livre du chevalier Zifar (Anonyme)
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