Et voilà, première oeuvre de Tolkien chroniquée dans le cadre du challenge Middle-Earth...
Oeuvre posthume recomposée et publiée par Christopher Tolkien, le Silmarillion regroupe les récits et légendes de la création d'Arda et donc de la Terre du Milieu. Ce sont des fragments, parfois sans liens ou cohérence car Tolkien les retravailla tout au long de sa vie mais qui gardent toujours un fil conducteur.
On passe ainsi de Ainulindalë, lorsqu'Eru crée Arda à travers la Musique des Ainurs à l'Histoire des Valar et des Maiar d'après les récits des Eldars, avant d'en arriver au Quenta Silmarillion, la fameuse histoire des Silmarils. On retrouve ici certaines connaissances comme Cirdan ou Galadriel, et on peut enfin lire les magnifiques récits consacrés à Beren et Luthien ou encore Turin.
Dans une quatrième partie, Tolkien retrace l'histoire de Numenor, sa gloire et sa chute.
Le Silmarillion se clôt avec les Anneaux du pouvoir et le troisième âge où le lecteur encore habité par le Seigneur des Anneaux retrouvera avec délices de vieux amis...
Le Silmarillion s'apparente grandement aux grands sagas nordiques, par le sujet et la construction. La fatalité des Dieux, le destin tout tracé de certains personnages, les quêtes... A lire absolument le récit sur Beren et Luthien (qui préfigure l'histoire liant Aragorn à Arwen) où nous croisons le grand chien Huan et le loup Carcharoth.
Il est intéressant d'en savoir beaucoup plus sur les Elfes. De ma lecture du Seigneur des Anneaux, j'avais gardé une image des Elfes bien précise et flatteuse. Surtout en comparaison des hésitations et des faiblesses des Hommes. Mais avec le Silmarillion, on découvre que parmi ce noble peuple, certains ont succombé au côté obscur de la Force, surtout par orgueil, et qu'il résulta bien des malheurs, et notamment des luttes fratricides.
Alors Celegorm se dressa dans la foule et tira son épée en s’écriant : « Qu’il soit un ami ou un ennemi, qu’il soit démon ou Morgoth, ou Elfe, ou fils des Humains, ou de toute autre créature vivante sur Arda, ni la loi ni l’Amour, ni l’alliance des enfers ni la puissance des Valar ou de quelque sorcellerie ne pourra le protéger de la haine des fils de Fëanor, celui qui prendra ou trouvera un Silmaril pour le garder. Car les Silmarils sont à nous seuls, jusqu’à la fin du monde ».
Le personnage central qui est cause des événements tragiques de cette vaste épopée est bien évidemment Morgoth, autrefois Melkor le Valar. N'oublions pas que Sauron n'était rien d'autre que son vassal... Il trame, complote, sème le doute et la jalousie, ivre de vengeance et avide de pouvoir. Le Premier Age est ponctué de guerres et de trahisons. On croise le dragon Smaug, les Balrogs et bien évidemment les Orcs. C'est relativement sombre et sanglant.
Certains récits ne sont que des descriptions, toujours riches et intéressantes, d'autres sont composés de faits héroïques, d'actes désespérés, la plupart sont poignants, à l'image du cruel destin des fils de Fëanor, liés par ce terrible serment.
Extrait du dialogue entre Morgoth et Hurin : « Tu dis vrai, répondit Morgoth. Je suis l’Ancien Roi : Melkor, le premier et le plus puissant des Valar, qui fut avant que le monde ne fut,, et qui fit le monde. L’ombre de mon dessin se projette sur Arda, et tout ce qui s’y trouve se soumet lentement et sûrement à mon vouloir. Mais sur tous ceux qui te sont chers, ma pensée pèsera comme un sombre brouillard fatidique, et elle les plongera dans les ténèbres et la désespérance. Partout où ils iront le mal règnera. Dès qu’ils parleront, leurs paroles seront de mauvais conseil. Tout ce qu’ils feront se retournera contre eux. Ils mourront sans espoir, maudissant et la vie et la mort ».
Le Silmarillion est, à mon humble avis, une oeuvre capitale pour mieux comprendre les événements du Seigneur des Anneaux. La lecture n'en est pas si difficle, à condition de s'habituer aux nombreux double-noms de certains personnages (selon la langue) et de s'aider des arbres généalogiques et des cartes pour mieux s'y retrouver, car il est vrai que les récits abondent en personnages importants, tant du côté des Elfes que des Humains.
Une vaste fresque, épique, riche et dense qui me ravit toujours. Enfin, comment ne pas être confondue et ébahie devant l'ampleur de l'oeuvre de Tolkien ? Il a su créer un monde neuf et original, à la fois beau et triste, où la nature tient une grande place... Une oeuvre qui n'a pas d'équivalent à ce jour, qu'on se le dise !