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2011-01-23T10:35:00+01:00

Ravage (René Barjavel)

Publié par Folfaerie

"Une multitude fuyait dans les rues, hurlait, fuyait vers le nord, fuyait devant l'enfer. Il n'y avait plus de respect, plus d'amour, plus de famille. Chacun courait pour sa peau"

 

Pas de doute, c'est une scène de fin du monde. René Barjavel a écrit son roman sous l'Occupation, en 1942, ce qui explique en partie le choix du thème de ce livre.

Le roman débute d'ailleurs de manière bien banale. Nous sommes dans le futur, en 2052, et mis à part quelques transformations de Paris dues aux technologies de l'époque, les Hommes ne sont guère différents de ceux d'aujourd'hui. Le personnage principal de Ravage, François, issu d'une famille de paysans, est amoureux de son amie d'enfance, la jolie mais superficielle Blanche, qui a préféré une carrière artistique et s'apprête à devenir une célébrité sous la férule de l'antipathique Jérôme Seita, lequel règne en maître sur le show-business. Ce qui  s'apparente à un roman sentimental prend brusquement une autre tournure lorsque le chaos s'abat sur la France. Une panne d'électricité provoque l'arrêt de toutes les machines. Pour cette société dépendant de la mécanisation, de la technologie, c'est l'effondrement total. Plus aucun moyen de se déplacer, d'avoir de l'eau ou de l'électricité. Très vite l'affolement de la population parisienne est à son comble, les catastrophes s'enchaînent et dont les conséquences sont redoutables : gigantesques incendies, propagation de maladies, etc. Une nouvelle ère apocalyptique s'ouvre sous les pas de l'Humanité car ce n'est pas seulement Paris qui est touchée mais le monde entier.

Une poignée de survivants menés par François entamera un périple éprouvant pour gagner un coin de campagne française épargnée par ces bouleversements. Là, François recréera une autre société, fondée sur le retour à la terre et le travail manuel. Une belle revanche pour la nature.

 

Voilà très succinctement résumé ce roman d'anticipation qui m'a beaucoup plu, malgré un petit côté daté. L'important n'est pas tant la description des technologies avancées imaginées par l'écrivain (dont la plus bizarre est la description du procédé qui permet aux citoyens de garder leurs morts avec eux, sous une apparence normale) que les conséquences de cette dépendance aux machines. Barjavel n'y va pas pas quatre chemins. D'ailleurs, le contraste est terrible entre la première partie du récit, un peu désuète, et le début de la catastrophe. Les scènes de panique sont d'un réalisme saisissant, car en un laps de temps très court, les gens redeviennent des barbares capables des pires actes pour survivre. Même François - que je ne peux qualifier de héros - fait preuve d'une absence totale de scrupules pour sauver sa vie et celle de Blanche, forçant même ses compagnons d'infortune à des choix douloureux. Sont très bien vues également les scènes qui se passent au sein du gouvernement. Ce n'est pas différent d'aujourd'hui : indécision, grands discours (et mensonges) et aucune mesure n'est prise. Pire, ces gens au pouvoir ont été incapables d'anticiper, de prévoir, et sont tout aussi démunis que le plus simple des ouvriers...

 

On suit avec appréhension la fuite du petit groupe qui doit faire face à bien des dangers. Cependant, la scène la plus poignante est la crise de folie qui touche certains d'entre eux (une hallucination collective effrayante) et qui provoquera leur perte.

 

La toute dernière partie du roman et la fin ne seront probablement pas du goût de tous les lecteurs : un retour à une société patriarcale où la femme n'a pas d'autre rôle que procréer, un autoritarisme qui laisse songeur (on brûle les "mauvais" livres, on détruit toutes les machines et on brise impitoyablement ceux qui rêvent à nouveau au progrès) et pourtant, il m'a semblé que la vision de Barjavel était tout à fait cohérente. C'est bien en cela que le roman est terrible, dans ce constat impitoyable: il n'y vraiment pas grand-chose de bon à tirer de l'espèce humaine...

 

Un très bon roman d'anticipation qui, s'il a un peu vieilli sur la forme, reste néanmoins terriblement lucide sur le fonds.

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commentaires
C
Je trouve effectivement que Barjavel traite très bien de la fin du monde. Ce qui est terrifiant c'est de partir de scènes banales, pour finir par décrire un tel cauchemar... La transition est hallucinante.<br /> Par contre, j'ai été terriblement gênée (pour ne pas dire complètement en colère) par la vision patriarcale de Barjavel, et par son penchant raciste. Je trouve extrêmement regrettable qu'un écrivain se fasse le relaie de ce genre de discours. De ce fait, ce n'est vraiment pas une lecture que je recommande pour ma part, même si c'est un classique :/<br /> En tout cas, ton blog est sympa !
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C
Ce livre qui date des année 40 est trés visionnaire par bien des aspects:<br /> -tout d'abord tecnlogiques développement de l'informatique, usage d'aliments de synthèse...<br /> -Puis sociologiques, la dépendance technologique, une classe de gens riche de plus en plus puissants et toujours plus éloignée du bas peuple.<br /> <br /> Le héros François deschamps est un jeune homme que les évênements au fil du livre vont rendre de plus en plus violent et tyranique (c'est une conséquence du retour à la nature sauvage et brutal). Le petit groupe des réfugié de l'apocalypse prendra des allures de socité primitive.<br /> <br /> Le personnage de Blanche Rouget quant lui obtiendra à ses débuts plus par son physique que par son talent réel. Car ce futur est un monde d'apparence où les hommes les plus puissants (type jerôme Seita) une fois démuni se montre faible et incapable.<br /> <br /> Ce livre relate l'odysée de l'Humanité à ses origines où la nécéssité fait loi, (recours à la polygamie pour repeupler le monde), usage de la violence pour la survie.<br /> <br /> Certaines images de ce livre m'ont profondément marquées , la conservations des corps des ancêtres dans des frigidaires, les mutations qui s'effectuent à l'asile....<br /> http://sfsarthe.blog.free.fr/
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F
Curieusement, je n'ai pas été marquée ou choquée par certaines situations décrites dans le roman, j'ai en mémoire, en ce qui concerne ce qui se passe à l'asile par exemple, certains &quot;faits divers&quot; de ce qui a pu se produire au Canada et aux USA, sur des patients inoffensifs. Le pauvre Barjavel a été rattrapé par la réalité, ou peu s'en faut... Je suis contente d'avoir pu enfin découvrir ce très bon roman en tout cas.
R
<br /> Ah je vois, dans ce cas... Après je voulais seulement obtenir un peu d'aide sur comment présenter la présentation de l'illustration (couleurs, courbes, diagonales, plans, ...)<br /> Sinon j'ai une autre question: d'après vous l'homme qui se tient debout, est-ce qu'il ne s'agirait pas de François, ou encore d'un mort qui était conservé dans les "conservatoires"; et par rapport<br /> à la couleur du ciel qui est plutôt rouge, d'après vous quel est la cause de cette couleur??<br /> Enfin après je me suis poser ces questions et je voulais juste un peu d'aide même s'il ne s'agit que d'un avis.<br /> Merci<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Bonjour, j'ai aussi eu la chance de lire ce livre lors d'une de mes années lycées, mais cette année on me demande de faire une description de l'image que l'on voit sur le livre, je me demandais<br /> donc si vous pouviez m'aider<br /> merci de me répondre<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Je crois que j'ai été assez claire dans mon billet sur la LM1, j'ai du mal à terminer mes propres devoirs... désolée. Mais bon courage quand même.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> La première fois que je l'ai lu, il y a 5 ans, j'étais en troisième et j'avais adoré... En le relisant, j'ai détesté : quelle horrible vision des femmes est fournit dans ce livre ! Qu'est-ce-que je<br /> suis contente de ne pas être sur Terre que pour pondre des mioches !<br /> <br /> Je viens d'ailleurs de publier mon avis sur ce livre sur mon blog...<br /> <br /> <br /> Joli article, je reviendrais ;)<br /> <br /> Bonne continuation !!<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> J'irai lire  ton billet. Je comprends que la fin du roman puisse être irritante mais il me semble que ce qu'imagine Barjavel est très vraisemblable : si l'on examine le rôle de la femme sur<br /> toute la planète et y compris dans nos civilisations occidentales, c'est bien le rôle d'épouse et de mère qui prédomine, voire de bonne à tout faire Si on connaissait une situation semblable à celle décrite dans Ravages (d'ailleurs avec l'actualité jamonaise, ça nous pend<br /> au nez...), voilà comment on repeuplerait notre pauvre planète...<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Un livre qui m'avait fait une très forte impression !<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Oui, je crois qu'il va être difficile à oublier celui-là...<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> Barjavel..j'avais complètement oublié que j'avais lu ce livre quand j'étais au lycée ou peu après; merci de le rappeler à mon souvenir!<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Assez déçu par "L'Enchanteur", mon unique lecture de l'auteur, je pense que celui-ci pourrait me réconcilier avec Barjavel. Ou "La nuit des temps". L'un ou l'autre en tout cas, mais tu me donnes<br /> bien envie avec "Ravage"! Merci :)<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> J'avais beaucoup aimé l'Enchanteur, beaucoup de poésie et un humour décalé. En quoi as-tu été déçue ?Et j'ai tellement aimé La nuit des temps aussi. Entre celui-là et Ravage, choisis selon ton<br /> humeur <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> J'adore Barjavel, c'est grâce à cet auteur que j'ai pris le goût de lire. Mon préféré est sans aucun doute "Une rose au paradis".<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Il faudrait que je le relise car pour être franche, je ne m'en souviens pas trop. Pour moi, je crois que La nuit des temps restera indétrônable...<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> J'adore Barjavel. J'avais lu Ravage au lycée, il m'avait beaucoup marquée, et j'ai continué à le lire par la suite. Ses idées old school sont un peu dépassées, mais j'aime tellement !<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Je ne trouve pas que ses idées soient dépassées dans Ravage. Le style est un peu désuet certes, et la façon dont il envisageait le futur aussi mais sa lucidité sur la capacité du genre<br /> humain à tout saccager demeure, hélas, d'une consternante actualité.<br /> <br /> <br /> <br />

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