Amateurs de l'Ouest américain, ce livre est pour vous ! Jack Schaefer était un homme de l'Est, ce qui ne l'empêcha pas de
se passionner pour l'Ouest mythique, et d'écrire ce roman en 1945, pour oublier un peu la monotonie de son poste de rédacteur en chef. Le succès fut immédiat et Hollywood en tira un film.
Pour la petite anecdote, le scénario fut signé... A.B. Guthrie, l'autre grand auteur de westerns à qui l'on doit The big Sky et The way west, prix Pulitzer en 1950.
Bon, oubliez le pâlot Alan Ladd pour vous lancer dans la lecture de cet excellent classique.
Tout y est, l'écriture sèche et nerveuse, tempérée par une pointe de romantisme, l'étranger surgi de nulle part, arrivé à point nommé pour aider un honnête fermier et père de famille, Joe Starrett, à débrouiller une situation délicate, un roman d'apprentissage (car toute l'histoire est racontée par son fils Bob), un duel final époustouflant, l'herbe verte du Wyoming, une sacrée bandes de méchants, des troupeaux de vaches paissant sur les immenses étendues de la prairie.
Et l'étranger repartira dans le soleil couchant, sa tâche accomplie...
Récit dépouillé et sobre (vous ne trouverez ici aucune description poétique de la nature), Shane se concentre sur les personnages. On ne sait rien de leur passé, ou presque, mais on les devine partagés en deux camps : les hommes à principes, qui font passer l'honneur et la famille avant le reste, durs à la tâche, et les autres, grands propriétaires terriens et hommes de main, prenant par la force, n'osant agir qu'en groupe, d'où le contraste saisissant avec ce cavalier solitaire.
Se peut-il que des cinéastes se soient inspirés de ce classique pour faire naître Pale Rider (on ne peut que songer au personnage de Clint Eastwood quand on a lu le roman) ou même Open Range ? Je ne sais. En tout cas, nul doute que le désir de porter de tels westerns à l'écran trouve son origine dans la même secrète nostalgie qui tenaillait Michel Le Bris lorsqu'il écrivit la belle préface de ce roman. Michel Le Bris est d'ailleurs responsable de mon engouement pour les éditions Phébus.
Traduction (excellente) de Eric Chédaille
"Il arriva dans notre vallée au cours de l'été 1889. J'étais alors tout gamin et ma tête affleurait à peine le haut des ridelles de la vieille charrette de mon père."
PS : j'ai mis ici la couverture de l'édition poche, Libretto, mais pour ma part, j'adorais l'illustration de la première édition, un tableau de Karl Bodmer, Wiew of the bear mountains...
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