L'Elfe des Terres Noires (Jean-Louis Fetjaine)

Le deuxième tome de la Chronique des elfes m'a autant enthousiasmée que le premier. Il faut avouer que le personnage de Lliane, que je suis depuis la première trilogie, est toujours aussi fascinant et puis je ne me lasse jamais du monde des elfes.

Après la terrible bataille contre les Orcs et les monstres, qui clôt le premier volume, Lliane est capturée par l'ennemi et emmenée avec beaucoup d'autres rescapés, dans un camp sur les Terres Noires. Pays cauchemardesque où l'air est vicié, la pluie empoisonnée et la cruauté quotidienne. Ce roman est beaucoup plus sombre, violent et désespéré que le premier volet. 

En parallèle, nous suivons plusieurs autres personnages : les intrigues fomentées par Pellehun nous permettent de mieux comprendre comment la nouvelle religion chrétienne tente de s'imposer coûte que coûte, Freïhr le jeune barbare accepte de mener les quelques hommes rescapés du massacre de Bassecombe jusqu'à la ville gnome de Ha-Bag tandis que le roi des Elfes, Morvryn, accompagné du jeune Llandon, part à la recherche de sa fille Lliane.

C'est en suivant ces intrigues multiples que l'on comprend mieux la complexité des relations qui unissent les quatre peuples de la tribu de Dana. A travers les sentiments mitigés de Lliane, Jean-Louis Fetjaine amorce une réflexion sur la nature même des Monstres, qui est très intéressante. Il s'efforce d'ailleurs de ne point faire preuve de manichéisme : même si les Monstres n'ont guère de circonstance atténuante (les scènes de torture et de sacrifice sont assez éprouvantes à lire), les Hommes ne méritent guère le respect non plus, et les Nains demeurent toujours aussi égoïstes et cupides. Le peuple des Elfes quant à lui ne peut inspirer qu'une profonde sympathie, bien qu'ils soient loin d'être des créatures parfaites, et que les traîtres existent également au sein de leur peuple. Mais comment ne pas admirer et envier leur profonde complicité avec la nature et leur respect pour elle, leur grâce et leur magie... Entre alliances, complots, trahisons et épreuves redoutables,  la vérité  se dessine peu à peu : les Hommes d'aujourd'hui ne sont que le fruit du mélange  des quatre tribus de Dana, de cette évolution inéluctable, les Hommes ont gardé les pires travers de ces peuples mais aucun des merveilleux aspects de la personnalité des Elfes. Autant dire que le troisième tome s'annonce sanglant.

Dans la première trilogie, j'avais aimé le lien entre le monde des Elfes et la légende du roi Arthur. Ici, les événements étant antérieurs de 30 ans, le lien est plus ténu mais bien présent tout de même. Je laisse d'ailleurs au lecteur le plaisir de découvrir la théorie de Jean-Louis Fetjaine sur le Graal... C'est exactement ce que j'apprécie chez cet écrivain : outre la qualité de sa plume, c'est ce savant mélange qui consiste à redonner une signification à la légende Arthurienne, à repenser la nature même des Hommes en servant de la richesse des mythologies nordiques et celtes, et en puisant chez Tolkien également.

Un incontournable de la Fantasy française, cela va sans dire...

PS : la couverture du poche est un détail du tableau de John William Waterhouse : Miranda. 

Comments

[pom']

cette trilogie m'attend dans ma PAL, tu me la remémore, il faut que je la lise enfin!

[Folfaerie]

Moi il me manque le dernier, j'attends la sortie poche.

[Walpurgis]

Tu me confortes dans l'idée que Fetjaine est un très bon écrivain et qu'il faut à tout prix que je lise ces chroniques des elfes.
J'avais tellement adoré la trilogie des elfes, si magnifiques ^^

[Folfaerie]

Pour l'instant, j'ai lu la première trilogie des Elfes, les deux tomes de la seconde, les deux romans consacrés à Merlin. Je crois pouvoir dire que c'est un bon écrivain en effet. Par curiosité,
j'essaierai de lire aussi ses histoires destinées aux enfants.