Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2012-08-07T13:48:00+02:00

Nana (Emile Zola)

Publié par Folfaerie

http://www.livraddict.com/covers/41/41454/couv73212968.jpgMa première lecture de LM2, un bon vieux Zola pas relu depuis une éternité, et qui est en tout cas aussi désespérément déprimant que les autres volumes de la série des Rougon-Macquart.

Rappelons que Zola a écrit ce cycle de 20 volumes dans l'objectif de retracer la vie sociale d'une famille sous le Second Empire.

Je crois que Nana est le neuvième.

 

La jeune femme est la fille de Gervaise et Coupeau (voir l'Assommoir). En trois années de sa vie (à partir de 1867), Zola nous conte l'ascension puis la chute de cette courtisane vulgaire dont le seul atout est sa beauté qui affole tous les hommes, et surtout ceux de la bourgeoisie ou de la noblesse. C'est aussi la déchéance morale de cet Empire qui est contée, en témoignent les attitudes et actes de ceux censés symboliser cette époque.


Les débuts de Nana sont pourtant sordides et pathétiques. D'abord elle doit élever seul son fils Louiset, qu'elle a eu à 16 ans, et se prostitue pour subvenir à ses besoins. Et des besoins, elle en a beaucoup. Habitant un bel appartement que lui a laissé un de ses riches amants, Nana doit faire face à ses créanciers. Ensuite, elle croit pouvoir réaliser ses ambitions grâce au théâtre. Mais elle n'a aucun talent, ni pour pousser la chansonnette et encore moins pour interpréter un rôle. Cependant, elle enflamme le tout Paris un soir où, pour compenser sa médiocrité sur scène, elle a l'idée de jouer de son corps.

Une initiative qui va faire les beaux jours du Théâtre des Variétés et qui va lancer Nana dans le monde.

Pratiquement du jour au lendemain, la voilà qui croule sous les cadeaux luxueux, les invitations pressantes et les amants. Riches de préférence.


Zola n'a pas son pareil pour décrire le monde sordide du théâtre parisien, les rivalités entre comédiennes, dévoilant l'envers du décor, puis sans transition il nous entraîne dans la bonne société, dépravée et corrompue, dégoulinant d'hypocrisie. Le même cercle d'hommes qui assistent aux dîners hebdomadaires chez la comtesse de Muffat, se retrouvent aux soirées débridées organisées chez la courtisane, royalement installée.


Chacun d'entre eux se succède dans sa couche, acceptant de dépenser des sommes folles et pour certains, de s'abaisser, de s'humilier.

Jusqu'au premier tiers du roman, Nana peut émouvoir (son enfance misérable et cette société dépravée ne peuvent que nous la rendre digne de compassion), ensuite les choses se gâtent. Elle se montre de plus en plus exigeante, cruelle et perverse. Elle fait subir toutes les humiliations possibles et imaginables au comte de Muffat pourtant très porté sur la religion, pousse un jeune homme au suicide, provoque la faillite de quelques autres, bref sème les tragédies sur son passage.

C'est la revanche du peuple sur la noblesse comme le soulignait l'écrivain. D'ailleurs celui-ci a écrit : « Le sujet philosophique est celui-ci : toute une société se ruant sur le cul. Une meute derrière une chienne qui n’est pas en chaleur et qui se moque des chiens qui la suivent. Le poème des désirs du mâle, le grand levier qui remue le monde. Il n’y a que le cul et la religion. » Hum, on ne saurait mieux résumer...

 

En définitive, l'écrivain nous place face à cette vérité : Le sexe, qui est l'élément principal de promiscuité sociale, c'est à dire que c'est bien à l'occasion de ces coucheries que les classes supérieures et le peuple se côtoient et se mêlent,  est aussi un facteur de  désorganisation sociale (Nana bouleverse bien des équilibres, détruisant aussi bien des principes que des gens) et de déchéance morale, dont la plus pathétique illustration est celle du Comte de Muffat.

 

Je vais devoir travailler sur ce livre cette année, et comme il m'a plu, j'en dirai d'autres choses à l'occasion, car le roman est riche en métaphores, en paraboles, le vocabulaire est soigneusement étudié... de quoi disserter de longues heures !

 

Voir les commentaires

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires
G
Je ne sais pas encore me décider.j'avais acheté il y a quelques années des volumes d'une collection distribuée par le cercle bibliophile.Le tome 31 :mes haines -mon salon sera peut être ma première<br /> lecture à moins que je me laisse tenter par "La débacle" qui je crois est un livre avec en toile de fond la guerre de 1870(livre de poche de 1964 qui sent bon le papier d'antan...et une superbe<br /> illustration en couverture )
Répondre
F
<br /> <br /> Je n'ai pas lu tout Zola, la Débâcle par exemple attends toujours sur mes étagères.<br /> <br /> <br /> <br />
G
bonjour<br /> <br /> J'ai beaucoup d'admiration pour l'homme Zola et j'envisage de lire ses livres mais toujours je repousse...<br /> Cela depuis 20 ans et plus.En lisant votre billet sur NANA de nouveau je me dis que peut être je vais franchir le pas.<br /> Qu'elles sont vos sources concernant la citation de ZOLA :
Répondre
F
<br /> <br /> Vraiment, ce serait dommage de ne pas lire ses oeuves. Si vous hésitez pour un roman, pourquoi ne pas tenter ses nouvelles ?<br /> <br /> <br /> Cette citation se trouve en préface d'une vieille édition que j'ai à la maison, mais on la retrouve apparemment, dans ses travaux préparatoires à Nana, comme il est indiqué ici aussi :<br /> <br /> <br /> http://www.cahiers-naturalistes.com/adler_laure.htm<br /> <br /> <br /> <br />
K
Flaubert... Bien écrit, mais pas drôle non plus. Pour de l'humour, dans cette période là, Stendhal est meilleur.
Répondre
K
Nana contribuant à la pourriture morale et physique?<br /> Je me demande d'il y en a un de la série qui soit réjouissant..;Remarque, ce n'était pas l'objectif de Zola...
Répondre
F
<br /> <br /> D'une certaine oui, mais en même temps, personne ne forçait tous ces hommes à coucher avec elle. Je n'ai pas souvenir, moi non plus, d'avoir lu un Zola qui ne soit pas... passabelement déprimant<br /> :-)<br /> <br /> <br /> Je viens également de terminer, pour un autre cours, Novembre de Flaubert, qui m'a quelque peu ennuyée, et pourtant c'est un texte plutpot court. Mais Flaubert et moi n'avons jamais été vraiment<br /> amis, hélas...<br /> <br /> <br /> <br />

Girl Gift Template by Ipietoon - Hébergé par Overblog