Je ne sais pas grand-chose des auteurs scandinaves, à part quelques classiques, et rien en tout cas des contemporains, et si je me
suis décidée à lire ce roman, c'est parce que j'ai d'abord vu l'adaptation cinématographique qui m'avait enthousiasmée.
Ce gros roman, riche et dense, nous entraîne à Copenhague où un jeune garçon Groenlandais se tue en tombant du toit d'un immeuble. Persuadée qu'il
ne s'agit pas d'un accident, l'une de ses voisines et amie, Smilla Jaspersen, décide de mener son enquête. Elle découvre rapidement qu'une compagnie danoise de cryolithe, dont les desseins sont
obscurs, est étroitement liée à la mort de l'enfant... Smilla la métisse, de père Danois et de mère Groenlandaise, est une femme riche et solitaire. Ses relations avec les autres sont complexes,
que ce soit avec le dangereux professeur Tork, son propre père, ou son voisin le Mécanicien, aux motivations troubles. Et bien que ce ne soit pas une héroïne au véritable sens du terme, car ses
mobiles sont égoïstes, Hoeg nous fait partager la quête de Smilla avec passion.
A travers Smilla, Hoeg nous assène quelques vérités sur nos comportements occidentaux et nos valeurs. De sa mère, Smilla a hérité l'amour de la
neige et de la glace. Elle en a la froideur et la solidité. Avec cette lucidité et cette fatalité propres aux peuples autochtones, elle recherche la vérité, animée d'une passion et d'une
conviction inébranlables. Et c'est bien la seule qui tente de savoir, qui ose demander : pourquoi ? Smilla personnifie également Copenhague, avec ses contradictions et ses certitudes, balançant
entre tradition et modernité. Mais par dessus-tout, le personnage central de ce très beau roman est sans nul doute la neige, pour qui les Groenlandais ont inventé plus de 30 mots. Le Danemark,
les Groenlandais, Smilla ne peuvent vivre sans la neige et ce froid qui a façonné leur identité...
Et puis avec quelle facilité l'auteur s'est glissé dans la peau d'une femme ! Il s'est pris d'affection pour son personnage, cela se sent à chaque
page, sans jamais tomber dans le sentimentalisme ou la mièvrerie.
Quelques mots sur le film : La réalisation de Bille August m'a séduite, de même que le choix du casting. Evidemment, le scénario du film est plus simple que le roman,
c'est un raccourci, mais quelle force chez les acteurs... La lumière, les images concourent à donner au film cette atmosphère spéciale, proche du roman. Certes, Julia Ormond n'a pas le profil
d'une métisse, mais la conviction de son interprétation efface tout. Gabriel Byrne et Richard Harris sont tout aussi extraordinaires; Un de mes films préférés.
2009-12-21T09:39:00+01:00
Smilla et l'amour de la neige (Peter Hoeg)
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