Il me tardait de pouvoir visionner le second volet des aventures de Batman, surtout après le déluge d’éloges de la presse. C’est chose faite et ma foi, je dois dire que je suis encore un peu étourdie par le choc ! D’abord, la noirceur du film m’a quelque peu déstabilisée. Certes, le premier opus était loin d’être joyeux, mais il m’avait paru admirablement équilibré, entre scènes d’action, humour et émotion. Ici, c’est le désespoir qui domine.
La palme de l’ennemi de super-héros le plus sadique de tous les temps revient incontestablement au Joker. J’ai oublié sans difficultés le cabotinage de Jack Nicholson qui endossa le costume pour Tim Burton, pour savourer pleinement la performance du regretté Heath Ledger. Pour une fois, je suis d’accord avec l’ensemble des critiques, sa prestation ferait presque oublier celle de Christian Bale, hélas un peu trop en retrait à mon goût. L’acteur est tout simplement extraordinaire, dans ses postures, ses mimiques, sa façon de parler… A aucun moment, il ne cède à la tentation de cabotiner ou d’en faire des tonnes, ce cela aurait pu être si facile avec un tel personnage... J’ai adoré la scène d’ouverture avec l’attaque de la banque, qui donne le ton du film, et au cours de laquelle nous faisons connaissance avec ce redoutable psychopate, imprévisible et incontrôlable. Il est d’autant plus terrifiant que pas une fois, il ne suscite la compassion ou la pitié (malgré ses différentes explications sur les origines de ses cicatrices). Tout le contraire d’Harvey Dent, le procureur incorruptible qui suscite l’admiration de Batman, et qui, dans des circonstances dramatiques, sombrera lui aussi du côté obscur de la Force… Sa fin est pathétique et permet de mieux faire accepter le choix de Batman, tout aussi amer.
J’ai trouvé les scènes de combat entre Batman et ses ennemis (je parle uniquement des corps à corps) moins
percutantes que dans le premier volet, un peu plus lentes. Pour le reste, rien à redire. Les scènes d’action sont époustouflantes : celle dans les sous-sols du parking avec les doubles de Batman
est épatante, sans parler de la course poursuite avec les fourgons du SWAT proprement incroyable. La ville de Gotham n'est pas autant mise en relief que dans le premier film, mais le passage
éclair à Hong-Kong compense un peu cette discrétion.
Le personnage de Gordon est étoffé, une bonne chose pour l’acteur, quant à l’actrice qui incarne Rachel Dawes, elle ne m’a pas plu outre-mesure, me faisant presque regretter Katie Holmes, et c’est pour moi le seul bémol du film. Je ne sais pas si je dois à l’actrice ou au personnage le manque d’émotion que suscite sa fin tragique.
J’ai été gênée par quelques partis pris. Les hésitations et atermoiements de mon héros préféré m’ont quelque peu agacée. Dans le premier Batman, et malgré le lien qui l’unissait à Ras Al Gul, il n’hésite pas à lui faire un sort dans l’excellente scène du métro aérien. Dans ce second film, il ne parvient pas à se débarrasser d’un monstre comme le Joker dont la cruauté dépasse, et de loin, celle de Ras. C’est une attitude qui m’a énervée et qui ne me semble pas coller avec le caractère de Batman, homme tourmenté et souvent tenté d'obéir à ses désirs de revanche et violence. Autre élément qui a le don de m’irriter (mais je m’étais fait la même réflexion avec la trilogie Spiderman) c’est l’ingratitude la population, le côté girouette du bon peuple. On aurait presque envie de laisser Gotham sombrer définitivement dans le chaos… Et pourtant, on n’échappe pas à l’incontournable scène dégoulinante de bons sentiments, celle des ferries, ou pour une fois, j’aurai été tentée, en accord avec le Joker, d’appuyer sur le bouton… :-) Mais voilà, tel est le prix à payer pour que Batman puisse garder sa part d’humanité (hé, c’est lui le héros après tout, malgré ses zones d’ombre), il n'a pas d'autre choix que de museler ses envies les plus profondes, lui qui craint si fort de ressembler à tous ces affreux truands.
Malgré ces toutes petites réserves, je me suis laissée emporter par la magie de Christopher Nolan, qui fait définitivement partie de mes réalisateurs préférés, et par la joie de revoir un de mes héros favoris. J’ai donc hâte (et ce n'est rien de le dire !) que le troisième (et dernier ?) volet sorte enfin. Le teaser que j’ai pu visionner me semble des plus prometteurs... même s'il parait encore plus sombre !